Aguibou Bougobali Sanou, danseur-chorégraphe burkinabè : « ce n’est pas moi qui suis allé vers la danse, c’est la danse qui m’a choisi »

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Issu d’une famille de forgerons et d’artistes de Bobo Dioulasso, Aguibou Bougobali Sanou  ne rêvait pourtant pas de faire carrière dans l’art. Mais les circonstances de la vie l’ont ramené sur la voie suivie par ses frères et sœurs.

le danseur chorégraphe Aguibou Bougobali Sanou
L’artiste Aguibou Bougobali Sanou

« Bien que venant d’une grande famille où tout le monde est artiste, je voulais faire quelque chose de différent », rappelle Aguibou Bougobali Sanou. Jusqu’en 2003, Bougobali, ou Bouba comme l’appellent ses proches, suivait des études en communication et informatique à Bobo Dioulasso, quand un choix s’est imposé à lui. « Étant orphelin, j’exerçais des activités qui me permettaient de payer ma scolarité ;  j’ai eu alors une offre pour jouer dans le long métrage Ouaga Saga du réalisateur burkinabè Dani Kouyaté. À l’école le proviseur a rejeté ma demande de permission et m’a dit de choisir entre l’art et mes études », raconte-t-il. Le choix était évident pour le jeune Bougobali. « C’est cet argent qui me  permettait de payer ma scolarité ; je suis donc parti et j’ai été sanctionné. Pour avoir été exclu de l’école à cause de l’art, je me suis fait le serment de réussir dans ce domaine », confie Bougobali. Un choix qu’il dit ne pas regretter aujourd’hui. Déterminé, le jeune homme s’était engagé dans l’art, multipliant et diversifiant les formations et les expériences, en théâtre, capoeira brésilienne, musique, conte.

le danseur chorégraphe Aguibou Bougobali Sanou sur scène
Bougobali sur scène

Rattrapé par la passion familiale  

Le chorégraphe Salia Sanou a beaucoup influencé Bougobali à travers son style, sa manière de concevoir la danse. « C’est avec lui que j’ai eu mon premier stage professionnel en danse, et c’est de là que tout est parti », dit-il fièrement.  De formation en formation,  avec des chorégraphes et des metteurs en scène dont Salia Sanou, Carolyn Carlson, Thierry de Mey, Luca GM Fusi,  Régine Chopinot, Alexandre de la Caffinière, le jeune Bougobali s’affirme dans la danse.  « Ce n’est pas moi qui suis allé vers la danse, c’est la danse qui m’a choisi », affirme-t-il. Aujourd’hui on compte cinq artistes professionnels dans sa famille, parmi les fils et filles de Abdoul Karim Sanou et de Fatoumata Dembélé  Watta.

 Le style d’Aguibou Bougobali Sanou est un mélange de danses traditionnelles  mandingue d’Afrique de l’Ouest, de capoeira brésilienne et d’expressions de théâtre tirées de son travail avec des metteurs en scène européens influents. Son art est un dosage de sa formation en danse traditionnelle africaine sacrée et profane de son pays natal avec d’autres formes d’expression, ce qui donne une déclaration théâtrale unique. L’artiste  commence son travail par un échauffement qui permet de prendre conscience de tout le corps et de stimuler son énergie en utilisant de la musique et des chansons africaines et /ou de capoeira.

À 37 ans, Aguibou Bougobali Sanou va de succès en succès à travers le monde. Une quarantaine de pays visités pour des stages, spectacles ou en qualité de professeur de danse.  Lauréat de la très sélective et prestigieuse bourse du Département d’État Américain, Fulbright, demi-finaliste du concours «l’Afrique à un incroyable talent» en 2016, ce talentueux danseur-chorégraphe a remporté plusieurs prix chorégraphiques, dont la Médaille de bronze des Jeux de la francophones de Nice en 2013, 2ème  prix de la SNC en 2012, la médaille Delphic Laurel en Corée du Sud en 2009.  

In out Dance, une initiative pour populariser l’art

Avec la compagnie Tamadia ( bonheur, plaisir de l’aventure en Dioula et Bambara ), qu’il a créée en 2006, Aguibou Bougobali Sanou travaille à populariser son art, à organiser des spectacles, des formations.  Dans le même élan, en 2014 la compagnie a initié le festival In out Dance de Bobo Dioulasso, ou les rencontres internationales de danse dans l’espace public. « Je me suis dit, qu’est ce qu’on peut faire pour occuper les jeunes, partager l’expérience avec eux, d’où cette initiative, et bien d’autres »,  explique-t-il. Ce festival dont il est le directeur a permis à beaucoup de compagnies internationales, d’Asie, d’Amérique, d’Europe, et d’Afrique de se produire à Bobo Dioulasso. Bougobali, voit aussi dans l’art un moyen thérapeutique pour certains maux. C’est dans ce sens qu’il a créé depuis 3 ans un programme de déradicalisation des détenus à travers la danse au sein de la prison civile de Bobo-Dioulasso. Une activité qui a fait l’objet d’un documentaire réalisé par Al jazeera.

https://www.aljazeera.com/programmes/witness/2019/09/dancer-thieves-chance-prisoners-burkina-faso-190915103135966.html

Lors du festival In Out Dance à Bobo Dioulasso

Avec le soutien des partenaires, la compagnie Tamadia est actuellement sur les préparatifs de la 8ème édition de In out dance prévue en février 2021, si la situation liée à  la crise sanitaire mondiale du covid 19 le permet. Car les impacts de cette pandémie entravent les projets de Bougobali Sanou comme beaucoup d’autres artistes. Ses tournées au Canada, aux USA, au Mexique, au Liban, et en Afrique sont annulées. Des contrats d’environ 50 millions de francs CFA perdus, se désole l’artiste. En espérant la fin rapide de la pandémie, Bougobali donne des cours en ligne, fait des spectacles par vidéo, et de la sensibilisation  sur la lutte contre le coronavirus sur sa page facebook,  Instagram.

                                                     Mousoul
                                 mediaculture.info@gmail.com

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