Hommage à Wole Soyinka : Le Trophée de l’Académie du Royaume du Maroc pour le premier africain Prix Nobel de littérature 

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Lors de la remise du Trophée de l’Académie du Royaume du Maroc

Le célèbre écrivain nigérian, Wole Soyinka, premier auteur africain à recevoir le Prix Nobel de littérature en 1986, était à l’honneur le 9 juillet 2024 à l’Académie du Royaume du Maroc. Lors d’une table ronde organisée à Rabat à l’occasion de ses 90 ans, le poète, dramaturge, romancier, essayiste et satiriste a reçu un Trophée de l’institution académique du Maroc dont l’objectif est de contribuer au développement et à la promotion de la recherche scientifique, particulièrement dans le domaine des sciences humaines, de la culture et des arts.

L’événement initié avec la participation de PAWA (Pan African Writers Association) sous le thème “L’Afrique célèbre Wole Soyinka au Maroc”, a permis de mettre davantage en lumière  le parcours du grand homme de lettres nigérian et son apport remarquable à la littérature africaine et mondiale.

De nombreuses personnalités du monde culturel, universitaire, économique et diplomatique, ont pris part à la rencontre et célébré le talent et l’esprit critique de Wole Soyinka, ainsi que son style d’écriture à travers son dernier ouvrage intitulé Chroniques du pays des hommes les plus heureux du monde (2021).

Le Secrétaire perpétuel de l’Académie du Royaume du Maroc, Abdeljalil Lahjomri, a relevé à cette occasion les qualités littéraires de Wole Soyinka, qui s’est distingué par sa détermination et la constance dans la défense « des cultures africaines”, mais aussi comme « fin observateur du Continent ». Il a rappelé une des thèses majeures illustrant la pensée de Wole Soyinka, notamment celle de son rapport à la négritude  et  de rejet de « toute forme de domination ».

Le Secrétaire général de PAWA, Wale Okediran a félicité Wole Soyinka qui a inscrit son combat et engagé sa plume contre le racisme afin de contribuer à l’union des peuples.  

Du haut de ses 90 ans, le prix Nobel de la littérature nigérian a vu en cette célébration une belle initiative pour la consolidation « des liens qui existent entre le Maroc et l’Afrique de l’Ouest et d’en tracer la continuité, citant l’exemple de la relation entre le Royaume du Maroc et le Sénégal à travers le président Senghor dont il a été proche ».

Une vue des participants à la rencontre

Plusieurs universitaires du Royaume du Maroc ont pris la parole pour rendre hommage à l’éminent écrivain et apporter des témoignages sur son parcours, son œuvre et son engagement. Parmi ces intervenants, Hanane Essaydi, Professeure de littérature à l’Université Cadi Ayyad de Marrakech a parlé de l’humanisme et du courage de Wole Soyinka, lui rendant hommage pour son combat au risque de sa vie, en faveur de la liberté et de la dignité, non seulement de ses concitoyens nigérians pour lesquels il avait dénoncé la dictature des potentats mais aussi de tous les êtres humains comme l’illustrent ses prises de position contre l’apartheid.  Il n’a jamais arrêté ce combat pour la liberté, a dit Hanane Essaydi, indiquant que l’écrivain « a fustigé et démasqué les groupes islamistes tels que Boko Haram sans craindre les représailles des fondamentalistes complices des crimes politiques ». S’agissant du dernier roman de Wole Soyinka, Chroniques des gens les plus heureux du monde, elle y voit « un miroir qui reflète nos défauts, nos faiblesses, notre lâcheté, notre ensauvagement graduel, notre déshumanisation programmée ». Et, ajoute, l’universitaire marocaine, « là on se pose des questions ontologiques, et pour certains on essaie d’atteindre une meilleure version de nous – mêmes ». Ce livre, bouleverse, interpelle, mais aussi suscite de l’admiration face à la créativité et la puissance de l’écrivain. Mais en même temps on sort triste de sa lecture en constatant « que le chemin est encore long pour nous Africains et pour ce continent », affirme Hanane Essaydi, qui trouve cependant en Wole Soyinka une source de motivation : « j’ai compris que je n’ai pas le droit de renoncer au combat, car lui, à 90 ans il résiste encore en écrivant, en dévoilant nos maux, essentiellement dus à la cupidité et la soif de pouvoir ».

C’est donc un trophée amplement mérité que l’Académie du royaume du Maroc a donné à cet écrivain, figure illustrative de l’intellectuel constant : dans les principes, sa pensée, y compris dans son style avec cette chevelure/coupe qui le caractérise qu’il garde toujours, mais juste maintenant blanchie par le temps…

Mousoul

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