Finyé (Le vent) de Souleymane Cissé : un film engagé qui confronte la tradition, le pouvoir contemporain avec ses dérives

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Réalisé en 1982, le film Finyé long métrage (117 minutes) de Souleymane Cissé relate un pan sombre et chaotique d’un régime militaire au pouvoir comme c’était le cas dans plusieurs pays africains dans les années 80.  Suite aux résultats truqués des examens scolaires par les autorités, les étudiants s’organisent pour protester. Mais c’est sans compter avec l’attitude du Gouverneur et ses hommes, car le Colonel Sangaré ne transige pas dans la gestion du pouvoir de l’Etat.

Craint par tous, avec un corps chétif, très souvent portant des tenues locale ou militaire, alcoolique, fumeur, polygame, le Gouverneur Sangaré peut se révéler violent mais aussi parfois romantique. Il gère sa famille comme son pouvoir de main de fer. Le Gouverneur n’hésite pas à laisser emprisonner sa fille révoltée par ses travers et à battre férocement sa 3ème femme, la « choyée » avant de chercher sa tendresse, l’amenant en randonnée romantique. Une épouse aux mœurs légères qui n’hésite pas à utiliser son charme pour séduire Bah, le copain de sa belle-fille, Batrou. Elle est traitée de garce du quartier par les jeunes.

Dans le film, l’histoire d’amour entre la fille du gouverneur et Bah le drogué, est marquée de scènes de romance mais surtout d’épreuve face au refus du gouverneur d’accepter cette relation. Rythmique par les genres filmiques développés dont l’action avec les courses poursuites entre policiers et étudiants ; le film comporte aussi de la tragédie avec la mort de Bah et les travaux forcés auxquels sont soumis des étudiants emprisonnés ; de l’enquête pour faire échouer les agissements des étudiants, du comique comme dans les scènes de bastonnade d’un policier par deux femmes.

Des techniques cinématographiques (flashback, flashforward) et des effets spéciaux comme dans les scènes des manifestations du pouvoir mystique du grand chef devin Kansaye, grand père de Bah, montre tout le côté esthétique du film sur des images fixes, des plans (ensemble, général, gros). Les chansons chorales et le décor agrémentent l’atmosphère du récit filmique.

Finyé est un film très engagé qui confronte de près et à distance la tradition et le pouvoir contemporain de manière intelligente et laisse entrevoir le penchant du réalisateur sur ses choix. Ce qu’illustrent des séquences comme celles de Kansaye en tenue de grand chef, quittant la maison pour la brousse afin de demander de l’aide aux dieux ; aussi la séquence de confrontation entre le Gouverneur qui avec son arme tire vainement de dos et à bout portant sur le grand chef traditionnel.

Le film est moralisateur et enseigne sur le pouvoir de l’homme qui n’est pas éternel, sur les conséquences de la prise de la drogue (hallucination, délinquance, violence, etc.), surtout chez les plus jeunes et les dérives du pouvoir d’Etat. Finyé a reçu le Grand prix, Etalon de Yénnenga à la 8ème édition du Festival Panafricain de Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou (FESPACO) en 1983.

                                                                                  Youssoufa HALIDOU HAROUNA

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