Le CCFN rebaptisé Centre Culturel Moustapha Alassane : Le Niger honore à titre posthume le pionnier du cinéma d’animation en Afrique  

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Créé le 9 février 1963 à travers une convention signée entre la République du Niger et la République Française et inaugurée en 1965, le Centre culturel Franco Nigérien a été baptisé le 21 Décembre 2006 Centre Culturel Franco-Nigérien Jean Rouch en abrégé CCFN-JR. Cela pour rendre hommage à ce grand ethnologue français pendant la période coloniale, dont l’appui et l’encadrement ont permis à plusieurs nigériens de mener une carrière cinématographique. On peut citer parmi eux les cinéastes : Damouré Zika, Inoussa Ousseini, Oumarou Ganda, Moustapha Alassane, etc.

Dans un élan « souverainiste », les nouvelles autorités du Niger ont rebaptisé le CCNF-JR dans un premier temps en Centre Culturel Nigérien trois mois auparavant, avant de lui donner le nom de Centre Culturel Moustapha Alassane (CCMA) à l’issue du Conseil des ministres du 19 septembre 2024.

Moustapha Alassane, pionnier du cinéma d’animation en Afrique

Réalisateur, acteur et scénariste nigérien né en 1942 et mort le 17 mars 2015, Moustapha Alassane est auteur d’une trentaine de réalisations de toutes les catégories : fiction avec les films Aouré, La bague du Roi Koda (1962) ; documentaire avec L’arachide de Sanchira (1966), Deela ou El Barka le Conteur (1969), Shaki (1973) et animation avec Bon Voyage Sim (1966), A Dieu Sim (2001) et La Geste de Fanta Mâ (2009).

Il est le tout premier réalisateur nigérien et le pionnier du cinéma d’animation en Afrique. Il a à son actif une quinzaine de films d’animation. Son premier film d’animation Le piroguier est sorti en 1962. On retrouve les traces de ce film dans le rapport de l’UNESCO de 1961 conduit par Jean Rouch. S’en suivra d’autres films d’animation dont La Mort du Gandji (1965) avec son stage de perfectionnement au Canada où il a été sous la direction de Mc Laren. La force de Moustapha dans l’animation est sa maitrise du dessin et la fabrication des marionnettes. Dans un même film, il peut avoir des personnages en dessin et en marionnettes. C’est le cas du film Samba le grand (1977). On peut aussi voir des animations entièrement en dessin (Dan Zairaidou, 2009) ou entièrement en marionnettes (Kokoa, 1985).

Moustapha Alassane était un homme de culture et puisait ses ressources dans l’oralité. Dans les films de fiction comme d’animation, il n’hésitait pas à adapter et narrer des contes et des légendes en s’appuyant sur les caractéristiques (voix, personnages (héros), etc.) du conte pour transmettre le message dans le récit filmique.

Moustapha Alassane, un grand dessinateur

Moustapha Alassane est le créateur des armoiries du Niger, une identité étatique, culturelle, collective et individuelle. Ses créations continuent d’être liées à l’histoire du Niger. Dans une attestation de reconnaissance, Pablo Toucet le créateur et ancien conservateur du Musée Boubou Hama,  appréciait les qualités de Moustapha Alassane en dessin artistique.  Pour rappel la clôture sous forme de marbre de l’enclos des hippopotames dans ce Musée fut réalisée par ce génie en création artistique.                                                                           

Moustapha Alassane a représenté le Niger à travers le monde, brillamment, remportant plusieurs prix à l’international dont le plus célèbre : l’antilope d’argent au premier Festival des Arts Nègres à Dakar en 1966 pour son film La Mort de Gandji, un film d’animation, réalisé en 1965.  Des prix, et pas des moindres, ont fourni le palmarès de ce pionnier. On peut citer le film d’animation Bon voyage Sim, réalisé en 1966 qui reçoit un prix au Festival d’Animation d’Annecy et qui fut diffusé sur la chaîne de télévision Canal Plus.

Les œuvres du doyen du cinéma d’animation en Afrique continuent d’être enseignées dans les universités et écoles de cinéma de par le monde.                                                                            

Youssoufa HALIDOU HAROUNA

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