A quel moment et selon quels critères attribue-t-on une nationalité aux films d’Afrique ? De plus en plus dans les festivals surtout africains, les films interpellent quant à leur nationalité.
Ils sont légion, ces réalisateurs de films nominés ou primés dans les plus grands festivals d’Afrique ou d’ailleurs (FESPACO, JCC, le Centre de Cinéma Arabe, etc.) à être présentés comme binationaux ou d’origine africaine. Dans certains cas les producteurs ou une partie des techniciens (scénaristes, monteurs, cadreurs, etc.) des films dits africains sont d’une nationalité autre que le réalisateur.
Certains réalisateurs d’origine d’Afrique de père et/ou de mère, ont plus d’attaches dans les pays occidentaux que dans les pays d’Afrique et s’identifient comme des binationaux en fonction de leurs intérêts par rapport à la distribution ou à l’évolution du film.
Dans un article de Charlotte Pudlpwski de mai 2013, on peut lire : « Dire quelle est la nationalité d’un film est de plus en plus difficile, y compris quelle est sa nationalité juridique, financière, quelle est l’âme artistique, si j’ose dire, des films ».
En Afrique, dans les festivals, comment prendre en charge la question de la nationalité des films qui ne date pas de maintenant ? En rappel, la majeure partie des techniciens des tous premiers films des cinéastes africains étaient des occidentaux. Pour une question d’équité par rapport à l’affirmation des productions nationales africaines que faire alors ?
Allons-nous assister dans les festivals à des rubriques pour les sélections des films binationaux ? Des rubriques dédiées spécialement aux films de la diaspora africaine ou allons-nous assister à une internationalisation des festivals d’Afrique avec une ouverture aux films de tous les continents comme c’est le cas pour le festival de Cannes, les Golden Globe Awards et bien d’autres avec une ouverture pour tous les films venant de tous les continents en tenant uniquement compte de la nationalité d’origine du réalisateur?
En tout cas, le film est un média qui s’inspire de toutes les réalités politico-socio-culturelles et économiques qui donnent à réagir mais qui demande un minimum de fonds et de stratégies pour continuer à être vu de par le monde.
Youssoufa Halidou Harouna