« La culture est essentielle, elle est ce qui nous reste lorsque nous n’avons plus rien ; la culture est le meilleur moyen de relancer l’économie tout en créant du sens »: c’est la conviction de Fatimata Wane-Sagna, journaliste à France 24, co-initiatrice et co-présidente, avec Seynabou Dia (CEO Global Mind Consulting), de Action Africa Culture-AAC55, une ambitieuse initiative qui vise à assurer la promotion de la culture africaine dans le monde.
Lancé au Sénégal en 2019, le projet panafricain de Action Africa Culture concerne les 54 pays de l’Afrique et la diaspora, 55ème acteur du continent, d’où le sigle AAC55 pour cette initiative. À l’origine de Action Africa Culture -AAC5, un double constat, rappelle Fatimata Wane-Sagna, journaliste depuis une quinzaine d’années et intéressée par les enjeux culturels sur le continent africain : bien que la culture soit essentielle aux peuples, le potentiel de son apport économique est sous-évalué dans de nombreux pays africains, alors que l’industrie culturelle crée des emplois, valorise l’éducation et transmet l’histoire. D’où l’urgente nécessité du soutien de structures efficaces et des politiques engagées pour le développement de ce secteur. AAC55 souhaite ainsi œuvrer à la mise en place d’un réseau pluridisciplinaire significatif, primordial pour l’essor des industries culturelles et créatives.
En partenariat avec l’UNESCO, Action Africa Culture est en ce mois de juin dans la phase de lancement de ses activités. Fatima Wane Sagna et les autres membres de l’équipe AAC55 s’activent pour une mobilisation à la hauteur du projet. «La création artistique sur le continent est florissante, hélas nous déplorons un manque de structures, de financement, et surtout de promotion. Sur cet aspect là, nous pouvons tous agir, les professionnels comme le grand public, les spécialistes comme les profanes. Chacun a son domaine artistique préféré. Nous en couvrons six : cinéma, musique, arts visuels, livre, spectacle vivant et les médias », affirme la co-initiatrice et coprésidente de AAC55. Aussi, estime-elle, les réseaux sociaux offrent une opportunité qu’il faut saisir pour assurer la promotion des artistes africains. « Rejoignez-nous, ne sous-estimez pas votre impact ; n’oublions pas les paroles de l’adage, seul on va vite mais ensemble on va loin », lance Fatimata Wane-Sagna. L’initiative AAC55 rejoint sur beaucoup de points l’engagement réaffirmé par les chefs d’Etat Africain lors du 33ème sommet de l’Union africaine en février dernier, pour “une Afrique dotée d’une forte identité culturelle, d’un patrimoine commun, et de valeurs et d’éthique partagées”. Ce que reconnait Fatimata Wane-Sagna, ajoutant : « nous avons des appuis au sein de l’UA, même si rien n’a été formalisé pour l’instant ». lire aussi https://mediaculture.info/promotion-de-la-culture-africaine-aller-au-dela-des-mots/
état des lieux, travail de fond
Pour sa démarche, AAC55 qui « souhaite abolir les barrières linguistiques et géographiques », compte installer une conversation permanente autour des enjeux de la culture en Afrique, en réalisant d’abord une étude inédite sur la culture africaine, en vue de dresser l’état des lieux de six secteurs culturels : arts visuels, musique, cinéma, livre, spectacle vivant, médias. Six comités scientifiques correspondant à ces six secteurs et sontcomposés de personnalités issues de pays, de professions et parcours divers, toutes engagées pour la culture africaine vont travailler pendant un an pour identifier les difficultés récurrentes dans les industries culturelles et créatives, analyser les résultats de l’Étude AAC55 Culture in Africa ; proposer les directives de la charte AAC55, un document pour la promotion de la culture en Afrique ; évaluer les projets culturels soumis aux votes d’un jury et des internautes.
La première édition du Sommet africain de la culture AAC55 prévue en décembre 2021 au Musée des Civilisations noires de Dakar, va apprécier ces travaux. Le calendrier de ce premier sommet qui était envisagé au départ en fin 2020 a dû être modifié, du fait de la crise sanitaire liée au coronavirus, relève Fatimata Wane-Sagna, qui rassure toutefois quand aux objectifs poursuivis. «C’est un projet de fond qui repose sur une méthode que nous avons établie. Nous voulions d’abord insister sur l’identification des enjeux culturels par les acteurs. C’est pour cela que nous avons décidé de lancer d’abord un questionnaire pour les interroger », explique-t-elle.
Selon ses organisateurs, le Sommet africain de la culture AAC55 va baser son action autour de trois piliers : un travail de fond sur les enjeux de la culture africaine ; l’identification et la promotion de projets culturels à fort impact ; la mise en valeur des acteurs et des œuvres culturelles. Une charte AAC55 pour la promotion de l’industrie culturelle en Afrique sera proposée et soumise au vote lors du Sommet.
La Charte AAC55 ambitionne d’amener à une prise de conscience collective indispensable à l’émergence et à la viabilité des industries culturelles et créatives. « Nous ne voulions pas venir avec nos solutions inadéquates à des problèmes hétéroclytes et complexes. L’ambition de AAC55 est d’être une plateforme de rencontres et surtout de promotion de la culture africaine. Nous invitons d’ailleurs vos lecteurs à nous suivre sur les réseaux sociaux, à répondre au questionnaire ouvert au grand public, au médias, et aux acteurs culturels sur le lien https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSfY-LZIZrD-VYwZOQsnqL6dBXd3j0YSR_ePzofa0c152RruWQ/viewform », annonce la co-initiatrice et coprésidente de AAC55.
Les médias, un domaine culturel à part entière
Pendant deux jours, plus de 1000 acteurs clefs de la culture africaine sont attendus au Musée des civilisations noires de Dakar en décembre 2021, pour un événement riche en programme. Conférences, rencontres entre professionnels et happening artistiques, sont entre autres points inscrits à l’agenda du premier sommet africain de la culture AAC55. Il s’agit à cette occasion de mettre les acteurs au cœur de l’action pour la culture.
Une innovation, AAC55 bouscule les conventions en inscrivant les médias comme un domaine culturel à part entière. Liens indispensables entre les professionnels de la culture et le grand public, les médias qui sont d’habitude campés dans le rôle de « simples témoins des grands rassemblements », doivent être impliqués dans les décisions globales pour le succès de l’initiative AAC55. La Charte à valider lors du Sommet africain de la culture engage les médias à une plus large promotion des œuvres culturelles africaines. Un appel qui se justifie, vu le rôle que jouent les journalistes spécialistes de la culture parmi lesquels on compte des critiques œuvres d’arts, ou même des médiateurs culturels.
Mousoul mediaculture.info@gmail.com