Exposition « Ce que nous sommes » : Portraits de territoire et traits de mémoire

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« Le territoire est une manière parmi d’autres de construire le social par l’espace, redevable du modèle de la communauté solidaire ».Christine Chivallon

Exposition, « Ce que nous sommes », Portraits de territoire (Hounhanou Valere Président de la Fédération), Tirage photographique, Festival Afrik’Art, Montpellier, Octobre 2021.

Une communauté franco-africaine composée de territoires communs qui semblent nécessaires pour les peuples et les cultures. Une aventure qui commence avec la Fédération Artistique Afrique-France suite à deux éditions du festival Afrik’Art organisées à Montpellier en juillet et octobre 2021. Un festival qui mêle de nombreux modes d’expression artistiques où la ville de Montpellier vibre au rythme de l’Afrique. Cette fédération artistique est fondée sur une force collective et un réseau de structures culturelles dédiés à la création artistique contemporaine africaine.

S’interrogeant sur l’interculturalié, la collectivité et la solidarité, Valere Hounhanou, président de la Fédération affirme la nécessité « de créer un pont et un lien artistique et culturel entre l’Afrique et la France, et toutes les diasporas ; organiser et planifier des évènements culturels dans le monde entier à but non lucratif (expositions d’art contemporain, concert musical, rencontres littéraires, défilé de mode, spectacle de danse, projections cinématographiques, conférences) ». Ces actions culturelles créent des interactions et des échanges entre des cultures différentes, afin d’offrir un regard neuf et particulier sur la création contemporaine africaine. Comme l’écrit Paul Ricœur « L’action est interaction, et l’interaction, compétition entre projets tour à tour rivaux et convergents ». Ces inter-actions contribuent à l’évolution de la culture et à l’innovation de et dans l’art. Ainsi, le festival Afrik’Art s’engage à lier l’Afrique et la France et à nous relier à la société par l’action et la création.

Cette quête de sociabilité comme méthode de l’enquête des connexions conduit à vivre ensemble en paix et en liberté. C’est dans le cadre de l’exposition « Ce que nous sommes » de Cédric Matet et Jane Kleis qu’une série de portraits se dessine et dessine des traits de mémoire et des histoires de territoires. L’installation de ces portraits dans l’espace public à Montpellier a été présentée lors du sommet Afrique France du 05 au 10 octobre dont le finissage a eu lieu 8décembre 2021.« Nous décrochons ensemble le projet “Portraits de territoire”, l’occasion pour nous de continuer à penser les liens Afrique-France et de réfléchir à la suite », ajoute Valere Hounhanou. Un projet qui est né de la nécessité de renforcer les différences et abolir les frontières pour établir des structures territoriales à caractère exceptionnel. L’originalité de ce projet réside dans le principe d’assembler les expériences, les actions et les histoires, afin de réussir à reconnaître les caractéristiques de territoire. Des regards perçants et profonds qui révèlent des portraits composés de mémoire commune qui se trace dans les traces des paysages et dans les esprits. Cette mémoire de territoire est collective issue d’un certain voyage interculturel entre l’Afrique et la France mettant en lumière le festival Afrik’Art.

C’est dans le cadre de ce festival que ces histoires de territoire s’éclairent et éclairent des portraits d’actualité cherchant une identité franco-africaine. Dans une obscurité profonde, la lumière de l’être jaillit et le territoire s’ouvre infiniment à l’autre où s’envisage le réseau de partage et naît l’identité qui, selon Glissant, une identité-relation mouvante et ce qu’il appelle le change-échange. « C’est cela que j’appelle identité culturelle. Une identité questionnante, où la relation à l’autre détermine l’être ». Cette relation entre l’africain et le montpelliérain trouve son fondement dans ce territoire qui raconte l’histoire de la rencontre des cultures et des arts. À cet égard, ce territoire s’ouvre sur l’ailleurs avec la nécessité d’enraciner l’être dans un lieu identitaire. L’espace et l’identité sont étroitement liés. Autrement dit, entre l’être et la manière de le relier au territoire, prends place une identité qui s’affirme dans le passage de la conscience de soi à la conscience du monde.


Exposition, « Ce que nous sommes », Portraits de territoire (Joel Rejant : Directeur artistique de la Fédération), Tirage photographique, Festival Afrik’Art, Montpellier, Octobre 2021.

Le président de la Fédération et son équipe créent un rhizome des identités ouvertes qui se disent et tissent une identité culturelle franco-africaine. Dans ce regard qu’il porte sur l’histoire de l’Afrique et de la France,Valere Hounhanou développe un projet culturel qui a pour but de renforcer la cohésion sociale et de participer au développement de la coopération de « l’Europe avec le continent Africain (), afin d’amener un public large sur le chemin de l’écoute et de l’apprentissage ». C’est dans le territoire à sens multiples que le public trouve sa parole et fait jaillir cette identité africaine-montpelliéraine qui a un effet sur notre histoire contemporaine. Comme l’écrit Glissant « L’individu, la communauté, le pays sont indissociables dans l’épisode constitutif de leur histoire ». L’individu ne peut naître au monde et à sa propre conscience qu’à partir du moment où il creuse dans les profondeurs de sa terre l’histoire d’une communauté sociale et solidaire. Sur ce postulat, le projet « Portraits de territoire » élabore une image des visages-paysages qui restitue une histoire équilibrée, une mémoire révélée et un espace redessiné. Le territoire constitue la trame insistante du projet qui donne une âme à la création artistique contemporaine ouvrant la voie à la jeunesse africaine qui voit l’éveil et la lumière. Ces jeunes artistes ont recours à l’imagination et à la création pour aider les autres à respirer le tissu artistique de la collectivité. La construction d’un processus collectif, actif et créatif demande du lien et des interactions qui viennent réactiver les pensées communes. Ces artistes explorent la question fondamentale de notre façon de vivre en société et de coexister à travers leurs pratiques artistiques. C’est la Fédération Artistique Afrique France qui s’engage envers la diversité et envers l’autre, afin de former un territoire incontournable devenu fondement même d’une société. Il s’insère au sein d’un réseau de coopération et de relations dont il est à la fois la résultante et une des constituantes. Il prend place à travers une poétique de la relation, une éthique de la responsabilité et une esthétique de vie permettant l’évolution de la culture africaine. Dans un mouvement évolutif, ce projet réalise une dynamique d’engagement et une essentialité ouverte à toutes les collaborations et les innovations. Chaque portrait de territoire dépeint un instant du présent, une nouvelle image de l’Afrique-France dans laquelle l’expérience historique s’inscrit inéluctablement au présent. Lors de cette exposition « Ce que nous sommes », ces portraits d’actualité portent un regard pointu et différent sur l’avenir, l’histoire, la mémoire et l’identité culturelle de l’Afrique. C’est cette identité qui retrouve une unité dans un territoire de l’interculturalité. L’idée est liée à l’espace qui construit le social où ce projet territorial met en avant une zone d’ombre qui assure la lumière franco-africaine. Une zone de passage offrant aux africains-montpelliérains une certaine énergie vibratoire menant à l’imagination créatrice et au changement. Ils sont réunis au territoire avec l’envie fleuri d’un esprit créatif qui nous offre des instants de beauté et de vérité. Le finissage de cette installation marque le début d’un alliage de cultures mouvantes et vibrantes mettant en avant, au-devant une amitié franco-africaine.

🖋️Ikram Ben Brahim[1]


[1] Artiste plasticienne et visuelle, Spécialiste en Théorie de l’Art, Critique d’art, Maître-assistante à l’Institut Supérieur des Beaux-Arts de Sousse-Tunisie, Fondatrice du collectif d’Arts Visuels « Plein’Art ».

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