Ezra ou le difficile retour à la vie normale pour un ex-enfant soldat

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Réalisé en 2007 par le nigérian Newton Aduaka, le film Ezra est un long métrage de 105mn. Cette fiction a pour contexte la guerre civile qui a marqué la Sierra-Leone, avec le phénomène des tristement célèbres enfants soldats enrôlés de force. Des petites filles et des petits garçons de toutes les classes sociales étaient enlevés et transportés dans des camps d’entraînement pour être transformés en de redoutables tueurs.

Le décor des scènes choisies permet un mélange de variation simultanée de plans : plongée, contre plongée, ensemble,  gros plan et surtout des mouvements dynamiques de la caméra ( travelling, panoramique) et des profondeurs de champs en relation avec le récit du film ( camp d’entraînement, le milieu de vie sur des terrains accidentés et des habitations de fortune).

Avec un  travail de lavage de cerveau bien exécuté,  l’idéologie propagandiste est inculquée aux enfants combattants. Drogués, ces petits enfants se lancent dans des actions terroristes, sans le moindre regret de leurs actes macabres dont ils ne se rappellent plus après. Ce qu’illustre le cas de EZRA, l’acteur principal du film, qui a tué ses parents sous l’emprise de la drogue. Ce dont sa sœur ne peut oublier. Une fille remarquable par son jeu de rôle épatant.

Les thématiques du film EZRA sont actuelles (violence, viol, tuerie, guerre, etc.) avec le sort des enfants soldats à la merci  de leurs bourreaux. Le film suscite aussi des réflexions sur les guerres civilo-militaires en Afrique où sont impliqués des acteurs étrangers qui alimentent les conflits en armement, produits stupéfiants et avec stratégies de combats enseignées aux combattants afin de profiter des ressources minières des zones  déstabilisées.

Usant de sa créativité, le réalisateur amène le spectateur à voir la durée du conflit à travers l’évolution des personnages (de l’enfance à l’adolescence) et un aller-retour sur le passé (flashback). L’oralité  est aussi présente avec le conte dans la séquence où Mariam, la future femme de EZRA, raconte l’histoire de sa famille.

Bien que dramatique le film consiste en un mélange de genres qui donne un certain rythme au récit. De l’action (courtes poursuites entre les combattants et les enfants, les attaques meurtrières), à la comédie avec quelques propos entre combattants, du suspens à l’amour (Ezra et Mariam), de la tragédie à la découverte.

La mort pathétique de  Mariam enceinte dans une attaque devant son époux Ezra, alors qu’ils avaient  décidé de se repentir est un tournant du récit avec plu tard l’installation de la commission civile ” vérité et réconciliation”. Mais les séquelles de la guerre perdurent.

Le film EZRA est lauréat du Grand Prix Étalon de Yennenga en 2007 au Festival Panafricain de Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou (FESPACO).

Youssoufa H. Harouna

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