Leur métier est leur passion commune : les frères jumeaux Boubakary Hassan Kéré et Boukary Oussen Kéré sont deux jeunes peintres ivoiriens connus sous le pseudonyme de “Jean Aouké”. Ils sont spécialisés en peinture à l’acrylique, fresques murales, bande dessinée.
« Choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler un seul jour », disait Confucius. Voilà bien des mots illustratifs du cas des frères jumeaux Boubakary Hassan Kéré et Boukary Oussen Kéré. Ils ont grandi avec la passion de l’art. « Depuis l’âge de 7 ans, nous avons été fascinés par les traits de crayon de notre mère qui dessinait les motifs de ses créations de couture », rappelle Hassan. « Depuis ce temps nous avons commencé à dessiner des modèles puis des personnages de BD. En classe de CM1 notre penchant pour l’art s’est prononcé après avoir été tous les deux premiers ex aequo lors d’un concours national de dessin inter écoles », raconte Hassan. Le jeune homme se souvient encore. C’était au centre culturel de la ville de Bouaflé en Côte d’ivoire en 1998, qu’ils ont rencontré leur premier succès dans l’art. Les jumeaux n’étaient âgés que de 9 ans.
Au sortir de l’adolescence Oussen Kéré continua sur la voie de leur passion. Il s’inscrit pour des études artistiques au Centre Technique des Arts Appliqués(CTAA) de Bingerville. Entre temps, Hassan Kéré qui a réalisé des études en transport multimodal et logistique, finit par écouter son cœur, et rejoint naturellement son frère jumeau.
Pour la famille et l’art
Influencés par des peintres tels que Claudy Khan, Oussou Justin et Jacob Bleu, les jeunes frères mettent leurs talents en commun et s’engagent dans une carrière de peintres professionnels. « L’art est pour nous un facteur de rassemblement et d’évasion. À travers nos œuvres nous arrivons à vivre le réel et l’imaginaire ; pour nous, les artistes sont de rares privilégiés ayant pour métier leur distraction favorite, car on ne vient dans l’art que pour son amour », estime Hassan Kéré. L’art de la peinture constitue le volet le plus important de leur production artistique. Spécialisés en peinture à l’acrylique, peinture décorative (fresques murales), bande dessinée, les deux frères qui se sont installés à Abidjan pour leur carrière, prennent le pseudonyme de “Jean Aouké” en référence au nom de la famille Kéré.
L’art abstrait et le figuratif sont devenus les fils conducteurs de la démarche artistique des frères jumeaux Kéré. Pour satisfaire leur immense besoin de créer, ils ont expérimenté de nombreuses techniques dont entres autres : la peinture, la sculpture, la poterie, le batik, la sérigraphie. Leurs réalisations les plus significatives résultent de l’association de l’art abstrait où excelle Oussen Kéré et du figuratif, domaine de prédilection de Hassan Kéré. « Notre art est mixte car étant fait tantôt à l’acrylique, tantôt à l’huile et aussi par l’association de ces techniques auxquelles s’ajoute le collage d’éléments de récupération en vue de sensibiliser sur la pollution qui nous menace. Les thèmes que nous traitons le plus souvent sont l’enfant, pour la joie et l’avenir qu’il représente, et la femme, pour sa beauté, la force qu’elle incarne dans la famille, sa lutte perpétuelle pour son émancipation », expliquent les artistes.
Âgés aujourd’hui de 31 ans, les jeunes artistes avaient fait leurs premiers pas professionnels sur les scènes lors du Salon International du Tourisme d’Abidjan (SITA) en 2018, lorsqu’ils ont présenté leurs œuvres au public. Depuis ils enchainent les expositions, car la même année la griffe “Jean Aouké” était au rendez vous de la biennale de Dakar ; de la 8ème édition d’ARBUSTES de Mantes en France ; du Salon d’Arts Plastiques des jeunes Talents à Ouagadougou…Les frères Kéré ont aujourd’hui environ 300 œuvres à leur actif. Des créations qui stimulent des émotions intimes et profondes, libérant du fardeau de la réalité.
Pour ce qui est des projets les deux artistes voient grand. Ils souhaitent aider les enfants de la rue à sortir de leur situation à travers l’art. « Pouvoir créer un centre de formation pour les enfants démunis serait pour nous le meilleur moyen de mettre notre savoir au service de nos semblables » : c’est le vœu ardent des frères jumeaux Kéré, ainsi exprimé par Hassan.
Mousoul mediaculture.info@gmail.com