La pandémie du nouveau coronavirus, avec son lot de victimes, des mesures-contraintes qu’elle a imposées et qui affectent tout et tout le monde, avec pour conséquence chez l’artiste le bouleversement de son travail dans toutes ses dimensions (sociales, interactionnelles, spatiales, temporelles), a suscité un questionnement et suscité la création artistique chez le scénographe burkinabè Sada Dao : son projet “Mètre carré M’être carré”, résultant de cette expérience illustre d’une certaine façon le caractère résilient de l’art.
« Étant artiste scénographe et résidant entre la France et le Burkina, la pandémie de la maladie du covid19 a été le moteur de réflexion de ce projet mètrecarré. Un moment de questionnement sur le devenir du secteur culturel burkinabè », explique Sada Dao. De cette expérience inédite, de la pandémie du Covid-19 et ses conséquences, notamment le confinement qu’elle a imposé, limitant la circulation des individus à la simple nécessité, ou au sein de l’espace domestique ; avec ces gestes dits barrières, quasiment mécaniques, et un bouleversement de la vie, Sada Dao a sorti le projet “Mètre carré M’être carré”, la distanciation sociale dans les arts.
Partager les instants des confinés…
La première phase du projet du scénographe consiste en une performance artistique, une apparition dans l’Espace public pour une représentation d’ici et maintenant. Tout se fait spontanément pour une approche directe avec les citoyens. Le travail allie représentation scénique (théâtre, danse, lecture) et création vidéo. L’expérience se tient en permanence dans des lieux publics ciblés où on filme sans aucune explication pour les passants. «C’est ce qui rend l’instant magique et à partager sur les réseaux sociaux », s’enthousiasme l’artiste.
Pour la performance scénique, elle se déroulera au sein du Théâtre Soleil, fermé en temps de pandémie à tout spectateur. Sur la scène, Sada DAO, matérialisera avec les matériaux présents sur place, un espace d’un mètre carré, au sein duquel perforeront des artistes et des non-artistes. Ce mètre carré symbolisera l’espace à l’intérieur duquel tout individu est autorisé à évoluer sans entraver sa propre sécurité sanitaire et celle des autres.
Le devenir de l’artiste en question
La deuxième phase de la création “Mètre carré M’être carré” est celle de la naissance d’un concept sur le devenir de l’artiste, explique Sada Dao. Pour ce travail, le scénographe Sada Dao, s’est livré à «un questionnement ancré dans le quotidien des confinés et des “libérés” », interrogeant les nouvelles règles de vie et de comportement imposées par la pandémie à Covid19, au sein des différents espaces, publics et privés. Il s’est s’intéressé à la façon dont l’individu est amené à se re-construire dans son espace, dans son rapport à l’espace, dans son rapport aux individus et à lui-même à travers ses propres habitudes, en les questionnant et les transformant.
Sada Dao entraine le public dans ses interrogations : « Que représente ce “mètre-carré” à la fois espace de liberté individuelle et de protection collective et espace de cloisonnement et de distanciation physique et sociale ? Comment se construit le rapport à l’autre, aux autres, dans cet espace où le corps de l’autre ne peut pénétrer? De quelles façons ce nouvel espace est-il appréhendé, arpenté, vécu? » Ce sont là entre autres interrogations et réflexions auxquelles s’est adonné le scénographe inspiré par la situation inédite et historique face à laquelle l’humanité s’est retrouvée brusquement confrontée. Ce qui a conduit Sada Dao à interroger ainsi le travail même de l’artiste dans ce contexte avec un nouveau rapport à l’œuvre du fait de la mise à distance des spectateurs…« comment et de quelles façons l’artiste est-il amené à créer autrement, dans des espaces réduits, sans public, en renonçant partiellement aux aspects collaboratifs de la création artistique et “vivants” de la représentation du spectacle théâtral ».
Le scénographe pose aussi une préoccupation plus pratique, existentielle, en questionnant la création artistique burkinabè dans son rapport à l’aide et à l’accompagnement international, dans sa quête d’une autonomie nécessaire en ces temps d’isolement et de mobilité réduite et dans son lien avec le secteur social.
Le projet “Mètre carré, M’être carré” est pertinent à double égard: il interroge non seulement l’individu dans sa relation à l’autre, à l’espace et au temps dans ce contexte qui nécessite de nouvelles habitudes ; il permet également d’illustrer la capacité d’innovation des artistes dans un moment déstructurant, en créant une œuvre d’un nouveau format.
Mousoul mediaculture.info@gmail.com
Une réponse
Interessante et génial j’ai trouvé cette idée créatrice de l’artiste Burkinabè. Tout mon soutien moral à lui pour la réussite de ce projet. Bon courage…!