Sa première exposition d’artiste photographe a eu lieu en 2016 ; en 2019 il est lauréat du premier prix du concours de photos sur le Droit de l’enfant organisé par Ancefa Africa, avec son œuvre sur l’éducation inclusive. Mais Joannès Doglo à l’état civil, Joannès Mawuna pour son nom d’artiste, se passionne depuis toujours pour la photographie, domaine dans lequel il préféra continuer sa carrière après ses études universitaires en Géographie et Aménagement du Territoire.
« Mon histoire avec la photo est un peu longue; déjà tout petit à 7 ou 8 ans, je m’amusais à fabriquer l’appareil photo et la caméra vidéo avec des cartons; je simulais même le système de flash avec une ampoule, des piles et un fil pour faire croire à mes amis que la photo a été faite », se souvient Joannès Mawuna qui voulait ressembler aux photographes et cameramen de son village. Ses premiers contacts avec « un vrai appareil photo » remontent un peu avant 1999. Avec les sous reçus en cadeau d’un oncle prêtre, sa maman lui a acheté son premier appareil photo de marque Palace Supa, une pellicule et des piles. Le jeune collégien a commencé alors à photographier, réalisant un rêve : il était ainsi devenu selon son expression, « photographe commercial », à Gadomé, son village natal dans la commune de Comé au Bénin. Le jeune photographe était souvent sollicité pour une photo, pour immortaliser une rencontre, un événement, moyennant un petit cachet. Ce passionné de l’image ne comptait pas s’arrêter là.
Fier d’être artiste photographe
Parallèlement à ses études en géographie qu’il a débutées en 2005 à l’Université d’Abomey Calavi, Joannès Mawuna s’était inscrit en 2008 au sein de l’Ensemble Artistique et Culturel des Étudiants (EACE) qui forme dans plusieurs domaines artistiques dont la photographie. Il se perfectionne avec l’obtention d’une bourse de formation. Titulaire également d’un certificat d’initiation à la théorie du photojournalisme, Joannès Mawuna a dirigé de 2014 à 2015 l’Ensemble Artistique et Culturel des Étudiants (EACE), club Unesco Universitaire, un cadre qui lui a beaucoup apporté pour sa carrière artistique. L’obtention en 2013 d’une maitrise en Géographie et Aménagement du Territoire, n’a pas détourné Joannès Mawuna, de sa passion : la photographie. Mais estime Joannès Mawuna, c’est véritablement à partir de 2016 qu’il se considère comme artiste photographe, avec sa première exposition qui sera suivie de bien d’autres.
Auparavant, en 2009 Joannès Mawuna a mené des travaux photographiques et vidéographiques en vue d’un documentaire sur les nattes de jonc. « J’ai eu le déclic pour faire ce travail parce que j’ai constaté qu’il y a dans mon milieu des réalités à montrer mais surtout à sauvegarder pour la postérité. C’était aussi d’ordre social ; nos mamans se battent pour fabriquer des nattes de jonc qui ne coûtent rien face à l’effort qu’elles fournissent pour la réalisation », explique-t-il.
À 35 ans révolus, célibataire sans enfant, Joannès Mawuna, qui travaille à son propre compte, se consacre à la photo. « Je préfère les recherches et consultations photographiques ; même si je dois enseigner je préfère enseigner la photographie que la géographie », dit l’artiste-photographe.
« Je suis fier de cette carrière que j’ai embrassée. La photographie artistique ne paie pas tout de suite dans nos régions, mais je sais que je vivrai de mes œuvres demain et même si ce n’est pas le cas, j’aurais apporté quelques choses à l’humanité à travers mes œuvres », déclare-t-il. Et l’artiste de poursuivre : « généralement, je finance mes projets avec les sous des portraits photos et quelques reportages que je réalise, mais avec mon entrée en résidence début 2020, le Centre a financé entièrement mon projet », se réjouit l’artiste photographe.
Révéler ce qui est mal connu ou inconnu
Joannès Mawuna est présenté comme le photographe qui à travers son objectif porte des regards atypiques sur certaines réalités, sur la femme, la féminité. Comme il le précise sa démarche vise à mettre en lumière ce qui se passe autour de lui. « Je travaille sur l’homme et ses représentations, les réalités endogènes africaines. Je m’inspire du quotidien, de tout ce qui se passe autour de moi, de tout ce qui se raconte autour de moi pour faire des séries photographiques, qui tentent de révéler tout ce qui est mal connu ou inconnu », affirme-t-il.
Parmi ses œuvres il y a entre autres la série les jumeaux : retour à l’immortalité, celle sur les femmes qui pratiquent des métiers dits d’homme. En février dernier ces œuvres de la série “Ne suis-je pas une femme” ont fait l’objet d’exposition en format 80 cm X 120 cm ou 60 cm X 90 cm. Le photographe met en lumière des femmes : Fondeuse ; mécanicienne; Soudeuse métallique; Zemidjan, etc.
Joannès Mawuna explique qu’il photographie les personnes dans leur milieu de travail et pour d’autres il procède par simulation. « Je discute avec ceux que je photographie pour qu’ils se sentent à l’aise dans leur rôle tout en oubliant l’objectif (NDLR : appareil photo) », confie-t-il.
L’artiste conseille les parents de suivre leurs enfants, dans leurs jeux, leur vie, car dit-t-il, « ce qu’ils feront demain transparaît déjà dans leur amusement ». Une affirmation que le parcours du lauréat du premier prix pour la catégorie photo du concours sur le Droit de l’enfant organisé par Ancefa Africa, semble confirmer.
Mousoul mediaculture.info@gmail.com