Le wazzou polygame : un film esthétique

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Le Wazzou polygame (1970), film d’Oumarou Ganda, est un moyen métrage de fiction qui porte sur des réalités de la société. Il  a remporté le tout premier étalon de Yennenga au Festival Panafricain de Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou (Fespaco) en 1972.

Le film est l’histoire d’un riche commerçant, qui de retour de la Mecque décide de prendre une troisième épouse. Le mariage célébré avec la bénédiction des parents et de la communauté tourne au drame, car non consenti par la jeune fille Satou, son ancien fiancé qui est  le jeune Garba et même la 2ème  femme du vieux El Hadj. Ce qui présage de lendemain difficile.

Les scènes de joie sur le fleuve avec les jeunes filles se baignant torse nu,  le jeu de rôle comique du devin joué par Oumarou Ganda, d’El Hadj, de Satou, des mouvements dynamiques de la caméra et des faits mettant en interaction les corps des protagonistes,  l’esthétique que dégage les prises de vue de nuit comme de jour à l’instar des scènes sur le fleuve où les chants des jeunes filles scotchent le spectateur. Des chants en langue zarma font découvrir les merveilles de la contrée et sensibilisent sur des enjeux et  des défis de la société.  L’extrait de ce passage l’illustre bien : « Où allez-vous ? Nous allons à  Tillabéry. C’est là que Dieu a fait pousser le riz. Nous les femmes du quartier nous portons nos belles parures. L’impôt nous l’avons payé. Pourquoi émigrer en Basse-Côte. Ici les vêtements et la nourriture sont moins chers. Qu’irions-nous chercher la-bas ? Les hommes et les femmes s’en vont dans la Ronga. C’est un travail bien commencé, il nous faut l’achever.  Préparez-vous ! prenez la route pour la Ronga. Qu’ y a-t-il dans la vie ? »

Des chants patriotiques, des cris de cœur qui peuvent contribuer à stimuler le peuple dans la quête de souveraineté nationale, qui passe forcement par l’autosuffisance alimentaire.

Un film dont ses thématiques différentes (religion, exode, famille, mariage ) rendent compte du dynamisme de cette société et éduque le spectateur sur les pratiques culturelles. Des thématiques qui d’ailleurs sont actuelles dans beaucoup de films de la jeune génération. Un film dans lequel tradition et modernisme se mêlent avec beaucoup d’oppositions (village-ville, mariage-prostitution, tenue traditionnelle et tenue moderne…).

Soulignons encore le jeu de rôle de l’actrice principale, Satou. Un exploit pour une toute première apparition à l’écran. Elle se métamorphose en fonction de la situation dans laquelle elle se trouve, tantôt des sourires faisant sortir ses dents magnifiques dans des tenues zarma, tantôt la tristesse de son visage qui créent diverses émotions et c’est cela la magie du cinéma, toucher les sens du public.

                                                                                     Youssoufa Halidou Harouna

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