“Le catastrophisme n’est pas une option”, rétorque Pr Achille Mbembe au sujet des analyses sur l’Afrique en lien avec le Covid-19

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Achille Mbembe
Achille Mbembe

Philosophe théoricien du post colonialisme, politologue, historien, enseignant et universitaire camerounais, Achille Mbembe vit depuis quelques années en Afrique du Sud où il enseigne à l’université du Witwatersrand de Johannesburg. Il constitue avec l’écrivain et économiste sénégalais Felwin Sarr, le duo d’intellectuels à l’initiative des “Ateliers de la pensée de Dakar”. Dans un entretien diffusé ce 22 avril sur Rfi, Pr Achille Mbembe prend le contre-pied des thèses catastrophistes des experts occidentaux sur l’Afrique en lien notamment avec l’actualité dominée par la crise sanitaire du Covid-19. Face à cette situation, il appelle plutôt « à la mobilisation des intelligences en Afrique ».

« Chaque fois qu’il est question d’Afrique, c’est la catastrophe ; or c’est des catastrophes souvent annoncées qui ne se réalisent pas du tout. Les africains en ont marre, ils n’écoutent même plus ce genre d’analyse », a réagi sur Rfi, Pr Achille Mbembe au sujet des analyses sur l’Afrique en lien avec le Covid-19. Pour lui ces prévisions sur l’Afrique sont basées sur des préjugés sans cesse ressassés à chaque fois qu’il s’agit de faire des analyses des événements ou situations. Du reste, Pr Achille Mbembe relève qu’il y a actuellement beaucoup d’efforts consacrés à des réflexions dans plusieurs pays africains en ce qui concerne l’impact que peut avoir cette crise sanitaire. «Cette réflexion est faite du dedans,  elle mérite autant d’intérêt que les notes de conjoncture du Quai-d’Orsay », estime le politologue et historien camerounais.

« C’est une évidence, qu’il faut peut être répéter », soutient Achille Mbembe, l’Afrique ne va pas s’effondrer, comme le prévoient certaines analyses. « Le catastrophisme n’est pas une option », rétorque-t-il, car cette attitude « ne permet pas de rendre compte des dynamiques des sociétés très plurielles, complexes, qui sont là depuis très longtemps et qui savent mettre à profit les épreuves qu’elles ont endurées dans le passé pour se faire un petit chemin dans un présent, qui on le voit est très obscur ».   

Concernant précisément la crise sanitaire du Covid-19 qui déroute plus d’un, le penseur reconnait qu’il y a particulièrement dans cette pandémie quelque chose qui intrigue. Il ne faut cependant pas laisser la “déraison” prendre le pas, avec toutes ces fake news. D’où l’appel pressant du Pr Achille Mbembe à la mobilisation des intellectuels et des sociétés. Il  évoque dans ce sens des initiatives d’anthropologues, et sociologues relativement à la gestion des risques dans un contexte où dit-il « la survie requiert la mobilité au quotidien ». Ce qui amène aussi le penseur à s’interroger sur les manières appropriées pour affronter les risques qui se posent à nous. Il faut dit-il réfléchir sur un événement comme celui-ci, avec un virus qui ne connait pas de frontière qui touche l’ensemble de la planète et interpelle l’humanité toute entière.

Brutalisme, essai du Pr Achille Mbembe
Brutalisme, essai du Pr Achille Mbembe

Cette  crise qui ignore les frontières doit amener à repenser le monde de l’après Covid-19.  A ce sujet, parmi les domaines auxquels Achile Mbembe fait allusion, il y a celui de l’économie.  Il évoque la piste de reflexion de certains économistes africains qui porte sur les moyens de réinventer l’économie, de manière à instaurer un équilibre dynamique entre les humains et la biosphère. On a là une des idées développées par Pr Achille Mbembe dans “Brutalisme”, son essai paru  en janvier dernier  aux éditions La découverte.  Un ouvrage dans lequel  il essaie d’étudier  un moment assez particulier du temps que nous vivons qui  se caractérise selon le penseur par la conjugaison de trois processus : « l’escalade technologique, la transformation du capitalisme financier en capitalisme algorithmique, et le désir de violence ».

MediaCulture.info

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