À l’initiative du CELHTO des spécialistes échangent sur la conservation et la valorisation du patrimoine culturel nigérien

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Cette année le Conseil International des Monuments et des Sites (ICOMOS) a choisi le thème «passés complexes : futurs divers» pour la journée internationale des monuments et sites célébrée le 18 avril. A Niamey, le Centre d’Etudes Linguistiques et Historiques par Tradition Orale (CELHTO), Bureau Spécialisé de l’Union Africaine (UA) installé dans la capitale nigérienne a organisé le 19 avril des conférences en vue de  donner à cette journée l’éclat qu’elle mérite. En effet, la Journée internationale des monuments et sites est célébrée cette année dans un contexte spécial, car l’UA a adopté pour 2021 le thème : « Arts, culture et patrimoine » : Leviers pour construire l’Afrique que nous voulons ».

Des spécialistes des sites, des monuments et du patrimoine culturel ; des architectes, des urbanistes, des anthropologues, des hommes de lettres, des historiens ont été mobilisés par le CELHTO pour cette journée consacrée à la sensibilisation ; aux échanges sur le catalogage des sites et monuments dignes d’intérêt au Niger et de nature à figurer sur une liste indicative du patrimoine mondial. C’est le Secrétaire général adjoint du ministère de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat, M. Mahaman Ibrahim qui a lancé la célébration de cette journée dédiée aux monuments et sites. Pour lui, le thème de l’édition 2021 de la journée internationale des monuments et sites «passés complexes : futurs divers», soulève des problématiques importantes.

La question de la sauvegarde et de la valorisation du patrimoine culturel, a-t-il dit, figure en bonne place dans le programme de renaissance Acte III. «En ce qui concerne spécifiquement les sites et monuments, il faut reconnaitre que nous avons d’immenses chantiers à transformer en réalisations concrètes. Nous avons à préserver et promouvoir nos riches traditions et expressions culturelles, nos sites archéologiques, nos ensembles architecturaux remarquables qui comptent parmi les plus édifiants en Afrique, nos sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco ainsi que tous nos biens culturels de valeur exceptionnelle», a déclaré le Secrétaire général adjoint du ministère de la Culture, du tourisme et de l’artisanat.

C’est dans le même sens qu’avait auparavant abondé le Coordonnateur du CELHTO, M. Komi N’Kégbé Fogâ TUBLU en relevant le caractère évocateur du thème «passés complexes : futurs divers» choisi par ICOMOS. «L’histoire d’un lieu, qu’il soit un monument ou un site, peut impliquer de nombreux points de vue. Par conséquent la conservation du patrimoine exige à la fois un examen minutieux du passé et une mise en perspective qui demande à prévoir l’avenir», a-t-il souligné. Ce à quoi se sont essayés les participants à la journée d’études organisée par le CELHTO, à travers des conférences et des débats.

La conférence inaugurale a été animée par le Directeur Général du Patrimoine Culturel, des Arts et de l’Economie Culturelle, M. Adamou Danladi sur le thème « la conservation durable du Centre Historique d’Agadez, facteur de développement local ? » Il a relevé d’abord que le Niger possède un patrimoine culturel matériel et immatériel riche et diversifié qui est malheureusement mal connu et peu exploité. Cependant, une partie de ce patrimoine se trouve dans une situation de dégradation, voire de destruction. Ce qui constitue un véritable défi à relever pour les autorités, les acteurs du domaine et les populations. M. Adamou Danladi a rappelé l’inscription du centre historique d’Agadez sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco en 2013.

La partie concernée couvre 175,7 ha et le site doit son inscription sur cette liste car entre autres critères, Agadez est devenue à partir du 15ème siècle un important lieu d’échanges commerciaux, techniques, artistiques, qui illustrent la diversité culturelle et architecturale que l’on trouve dans cette ville. Aussi, Agadez témoigne de la volonté d’établir une ville commerciale aux portes du désert en se basant sur sa politique de la paix et d’accueil, assurée par le sultanat de l’Air créé vers le 15ème siècle en vue de renforcer la cohésion et l’unité entre les groupes ethniques vivant sur un territoire commun. Une tradition que la population perpétue à travers le temps.

Le spécialiste du patrimoine a évoqué la problématique de la conservation du patrimoine architectural qui constitue en même temps le cadre de vie des habitants d’Agadez et les actions des autorités locales, traditionnelles, l’Etat, les partenaires dans ce sens. Il y a, a-t-il indiqué, un besoin d’efforts supplémentaires tant en ce qui concerne la conservation du patrimoine matériel qu’immatériel avec les menaces de disparition de certains métiers et savoir-faire. Au-delà de ce site, M. Adamou Danladi estime qu’il faut inventorier et répertorier tout ce qui relève du patrimoine culturel nigérien. Des préoccupations qui ont suscité l’intérêt des participants à cette journée d’études consacrée à la conservation et la valorisation des éléments du patrimoine culturel et naturel.

Le deuxième conférencier, Dr Boubé Adamou a abordé la question des recherches archéologiques au Niger et les perspectives. Il a rappelé les travaux effectués dont certains remontent au 19ème siècle et les résultats importants obtenus avec les découvertes des sites archéologiques, paléontologiques les plus anciens comme en témoignent les squelettes des dinosaures. Mais à ce niveau également, il a été relevé des problèmes de gestion du patrimoine archéologique, paléontologique, culturel, avec les menaces de destructions des sites lors des travaux qui dégradent l’environnement. Les problèmes, matériel, financier, juridique, et de ressources humaines auxquels sont confrontés les différents acteurs compliquent davantage la gestion du patrimoine. Entre autres recommandations, Dr Boubé Adamou parle de la nécessité d’une «archéologie préventive».

La troisième conférence de cette journée d’études sur le  patrimoine nigérien a porté sur le patrimoine architectural en terre du Niger, thème que M. Ali Souleymane, Expert de l’ONG Construction sans Bois a développé. La présentation a passé en revue l’architecture traditionnelle faisant ressortir sa beauté, sa symbolique à côté de celle dite coloniale ou moderne.

Cette journée d’études organisée par le CELHTO a été l’occasion de soulever des préoccupations relatives au patrimoine culturel et le peu d’intérêt dont il fait l’objet de la part des uns et des autres. D’où la nature des recommandations formulées par les différents intervenants qui ont appelé à des actions urgentes pour la conservation et la valorisation de cette inestimable richesse.

 Souley Moutari (Onep)

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