Sorti en 2000, le film long métrage Ali Zaoua, Prince de la rue, du marocain Nabil Ayouch, est une fiction avec une audacieuse narration, fruit d’une immersion de plus de 2 ans du réalisateur dans le milieu des enfants des rues au Maroc.
Nabil Ayouch raconte l’histoire d’Ali et ses 3 amis, des enfants des rues confrontés aux durs obstacles de la vie quotidienne : violence, vol, mendicité. Abandonnés dans un milieu où on observe une barrière sociale entre les plus nantis de la société et les démunis, ces enfants ont aussi des rêves.
Le film aborde également la responsabilité de la société face à la réalité de la pauvreté perçue dans le récit comme un élément central. C’est un film où deux univers s’entremêlent mais en restant éloignés l’un de l’autre. Y sont relevés également les conflits entre les plus âgés et les enfants des rues qui sont laissés à la merci de gangs, sans défense et avec un regard malsain sur leur situation.
Le film qui se distingue par son humanisme de par la solidarité de certains “marginalisés sociaux” lorsque le besoin se manifeste, à l’exemple des scènes suivant la mort tragique d’Ali suite à une rixe où ses 3 amis s’organisent pour lui donner des funérailles de prince sont illustratives.
Le réalisateur suscite l’intérêt en mettant en scène les divers problèmes (abandon, pauvreté, etc.), cherchant à sensibiliser le public et les différents acteurs pour un changement de comportement par une approche pédagogique sur ce phénomène social dans un pays de culture arabe et islamique.
20 ans après la réalisation du film, pour Nabil Ayouch, le phénomène des enfants des rues est toujours présent, même s’il est moins visible. Le film peut aussi être vu comme un rejet ou une dénonciation des raisons qui poussent un enfant à la maison pour la rue.
Techniquement réussi de par les images, le montage, le bruitage et les valeurs de plan (champ contre champ, vue aérienne, plan d’ensemble…), Ali Zaoua, Prince de la rue est lauréat du Grand Prix Étalon de Yennenga au FESPACO 2001.
Youssoufa Halidou Harouna
