Après le Covid-19 : quels modèles de relance pour le secteur des arts et de la culture au Burkina Faso ?

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Dr Pingdewindé Issiaka TIENDRÉBÉOGO est Enseignant-chercheur à l’Université Joseph KI-ZERBO de Ouagadougou au Burkina Faso, au sein du département de Lettres Modernes. Il est spécialiste des questions théâtrales et culturelles ; membre du Laboratoire Scène Francophone et Ecriture de l’Altérité(SefeA) Sorbone Nouvelle Paris 3. Dr Pingdewindé Issiaka TIENDRÉBÉOGO est également actif dans le milieu des associations culturelles où il initie des projets. Dans cet article il évoque les impacts de la crise sanitaire du Covid-19 sur le secteur des Arts et de la Culture au  Burkina Faso et au delà; évoque la relance des activités dans ce domaine ; la nécessité de repenser la politique culturelle dans et entre les différents pays.  

Dr Pingdewindé Issiaka TIENDRÉBÉOGO
Dr Pingdewindé Issiaka TIENDRÉBÉOGO

Pendant que tous les chercheurs et tradi-thérapeutes du monde entier s’activent pour trouver un remède à la pandémie du Corona virus, le monde de la culture pense à une relance de son secteur. Le milieu des arts et de la culture constitue un des maillons essentiels de la chaine la plus touchée au Burkina Faso et en Afrique depuis le déclenchement de la maladie à Corono virus. Plusieurs activités programmées ont été tout simplement annulées. Des concerts de danses et de musique en passant par les spectacles de théâtre, les organisateurs de tous ces évènements sont confrontés à ces durs exercices qui, le plus souvent, n’étaient pas préparés à cela. Tous les fondements qui prédestinaient à l’organisation des spectacles sont aujourd’hui ébranlés par l’interdiction de rassemblement de plus cinquante personnes.

L’annonce par le Chef de l’État Burkinabè du soutien au secteur de la culture à hauteur d’un milliard cent vingt-cinq millions et repris par le ministre des arts et de la culture est venu comme du pain béni pour les acteurs culturels même si les conditions du partage de cette manne restent un casse-tête chinois à en croire les acteurs de part et d’autre. Si le geste est à louer à juste titre cette somme reste pour le moment insuffisante pour apurer les engagements des acteurs culturels qui sont pour la plupart confinés chez eux en attendant une hypothétique fin de cette pandémie afin de reprendre de plus belle leurs activités.

L’Allemagne a débloqué 50 milliards d’Euros pour soutenir les artistes et la culture face à la crise. Comparaison n’est pas raison. Mais nos gouvernants devraient s’en inspirer plus en copiant les bons exemples. La raison qui nous est servie quand on évoque le sujet du terrorisme, c’est que c’est un phénomène mondial que même les pays hypersoniques n’arrivent pas à vaincre cette hydre. Cependant, quand un pays accompli une prouesse comme mettre en place un programme d’aide aux artistes sous formes de subventions, de prêts ou de financement, on feint souvent de ne pas voir, à fortiori copier l’exemple. Monika Grutters, ministre allemande de la culture et des médias affirme que : « les artistes sont non seulement indispensables, mais aussi vitaux, surtout maintenant. »

Des acteurs qui font preuve de résilience

Les dirigeants de nos États africains doivent comprendre à travers cette assertion que nos Etats ne vont véritablement amorcer leur développement économique et social si le secteur des arts et de la culture continuent à rester à la traine avec des budgets oscillants à moins de 1% des budgets nationaux. C’est un secret de polichinelle de dire que la culture constitue l’un des parents pauvres de nos pays qui n’ont pas encore forcément amorcés la route des Etats-nations.

Artiste lors du Festival International du Théâtre d’Abidjan (2018)

Ce qu’il est important de souligner et mettre à l’actif des acteurs œuvrant dans le secteur de la culture, c’est la résilience dont ils ont fait montre en se tournant très promptement vers le numérique afin de pouvoir toucher le maximum de personnes dans la sensibilisation sur les gestes barrières afin d’amincir le nombre de contamination au Covid 19. Ces artistes à travers les technologies de l’information et de la communication (TIC) se sont invités ingénieusement dans nos salons et nos foyers, sur nos smartphones, nos radios et nos télévisions. Nous en voulons pour exemple, la célébration de la journée internationale de théâtre le 27 mars 2020 où les membres de la Fédération Nationale du Théâtre au Burkina Faso (FENATHEB) à travers ses treize coordinations régionales ont inondé la toile d’informations et de sensibilisation sur la maladie à Covid 19. C’était une manière très spéciale de marquer d’une pierre blanche cette journée internationale dédiée aux hommes de théâtre. En plus de la sensibilisation certains ont posé des actes de solidarité vis-à-vis des citoyens démunis.

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La comédienne Delphine Yoboué de la Compagnie Siamois dans “Le miroir des mœurs confus”

Aujourd’hui, il est impérieux de revoir nos modèles de diffusion des spectacles puisque les espoirs d’un retour à une situation normale de diffusion s’éloigne de plus en plus. La situation financière des potentiels spectateurs et amoureux des arts et de la culture s’amenuise par ricochet car la situation économique n’est guère reluisante avec une chute vertigineuse du taux de croissance jusqu’à 2% au Burkina Faso. Une situation  de régression observée dans la plupart des pays africains préoccupés aussi par la lutte contre la pandémie. C’est pourquoi, les chefs d’États africains se sont coalisés pour demander l’annulation pure et simple de la dette.

Cet article loin d’être un tocsin culturel, invite tous les acteurs du secteur à la réflexion sur l’après Covid 19. La culture et les arts ont encore de beaux jours pour peu que nous leur accordions la place qui est la leur. Cette crise sanitaire a eu le mérite de mettre à nu les insuffisances structurelles et conjoncturelles de notre système culturel. C’est le lieu de re-penser notre politique culturelle en mettant l’accent sur les collaborations mutuelles et internationales, la recherche scientifique et universitaire, et enfin le numérique comme catalyseur de diffusion des activités culturelles.

Par Dr Pingdewindé Issiaka TIENDRÉBÉOGO, pingdewinde@yahoo.fr

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Une réponse

  1. C’est très juste ,le secteur des arts et de la culture,semble l’un des secteurs les plus ignorés par nos Dirigeants, particulièrement au Burkina Faso l’Etat n’encourage pas les acteurs du domaine,le métier s’emble n’est pas nourrir son homme ,dire au Burkina Faso que je suis un homme de culture ,acteur comédien n’est du tout pas une fierté,il faut réorienter le secteur,il faut relancer une nouvelle polique de gestion du domaine,il faut professionnaliser le domaine,en lançant des concours au sein des écoles primaires, collège, lycée,et université…quand on aurait tout perdu ce qui nous resterait c’est la culture.

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