“Au nom du Christ” de l’Ivoirien Rogner Gnoan M’Bala : L’ascension sociale et les pratiques religieuses en question

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Lauréat du Grand Prix (Etalon de Yennenga) à la 13ème édition du Festival Panafricain de Cinéma et de la Télévisons de Ouagadougou (FESPACO), le film Au nom du Christ sorti en 1993 est un long métrage de fiction, satirique et comico-dramatique de 77 minutes sur l’extrémisme religieux.

C’est l’histoire de Magloire 1er, un pauvre porcher, risée du village qui dans ses hallucinations alcooliques prétend avoir reçu une prophétie, ce dont il veut bien en jouir. C’était à une époque où la religion des ancêtres (la religion traditionnelle) était ancrée dans les mœurs des populations africaines surtout en milieu rural.  

Réussissant à s’imposer par ses miracles auprès de ses détracteurs du village qui deviennent ses fidèles inconditionnels et ses défenseurs pour sa prospérité, Magloire 1er, le cousin du Christ dans le film, entreprend une large évangélisation sur ses dix commandements sur terre, par le fleuve et dans les cœurs des villageois.

Dans un récit bien conduit et dans un jeu de rôle avec orchestration le tout mis en scène à travers des plans panoramique, d’ensemble et général, le film laisse entrevoir la maîtrise des techniques cinématographiques d’écriture scénaristique et de réalisation.  On le voit dans la prise de vues des scènes de nuit comme de jour dans les feuillages, au fleuve et en intérieur jour avec un décor harmonieux propre aux caractéristiques de chaque personnage, des bruitages scéniques et de la musique.

Au nom du Christ est un film actuel, très engagé et en avance sur son temps. Il confronte de manière frontale et ouverte par des propos des protagonistes, des actions de violence, de défis et de rébellion des adeptes convertis, contre la religion traditionnelle qu’ils ont quittée. Le film est un véritable cri d’éveil de conscience sur les dérives (exploitation des fidèles, emprise psychologique sur les fidèles, adultère, etc.) des personnes rusées qui se cachent derrière la religion pour en abuser.

De la même génération cinématographiquement parlant qu’Henri du Parc, Timité Bassori,  Egaré Désiré, Keîta Georges,  le cinéaste Roger Gnoan M’Bala a pour premier film Koundoum (1970) portant sur la danse traditionnelle et qui critique des pratiques de la société. Plusieurs des thématiques de ses films portent sur les cultures locales en les questionnant de manière subtile. Le film Au nom du Christ (1993) semble être une réponse au film Bouka (1988), dans lequel est mise en exergue l’emprise d’un jeune par le devin de la famille.  Sans tabou, le réalisateur pose le débat sur les pratiques religieuses dans sa société.

                                                                                  Youssoufa HALIDOU HAROUNA

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