Baara de Souleymane Cissé, ou le travail et l’héritage de lutte des classes

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Scène du film Baara

Grand prix, Etalon de Yennenga à la 6ème édition du Festival Panafricain de Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou (FESPACO) en 1979, Baara est un long métrage fiction en langue Bambara de 91 minutes du réalisateur malien Souleymane Cissé qui évoque les travers de l’idéologie coloniale dans son expression la plus rude : l’exploitation des plus faibles. Un héritage que Makan Sissoko le PDG d’une usine voulait pérenniser. Mais l’arrivée de Balla Traoré bouleverse le système.

Partagé entre pouvoir et lutte des classes, Baara est l’histoire d’un jeune diplômé Balla Traoré, qui venait de l’occident après ses brillantes études d’ingénieur. Mais à l’usine, il se heurte à l’hostilité de son Directeur, qui se sentait menacé par l’efficacité du jeune homme et surtout de l’organisation sociale participative qu’il commence à installer à l’usine.

Sorti en 1978, Baara est le deuxième long métrage du cinéaste Souleymane Cissé après Den Muso (La jeune fille, 1975).  Un film comico-dramatique, d’enquête et d’action qui met en exergue des pratiques pas du tout saines dans la gestion d’une usine de tissage à Bamako. Le réalisateur, très engagé pour la liberté d’affirmation et d’expression de chaque individu a su montrer de manière poétique et sans agressivité des vices ancrés dans les mœurs : adultère, tromperie, corruption, alcool, cigarette, exploitation des travailleurs. Néanmoins, il laisse entrevoir le courage des hommes et des femmes déterminés qui luttent pour leur pain quotidien. C’est le cas de Balla Diarra, le porteur des bagages des clients sur sa charrette, devenu manœuvre à l’usine.

Baara est un film où s’exprime l’esthétique du langage cinématographique à travers la combinaison de la lumière naturelle et artificielle, du décor, de l’image, du son, le jeu de rôle et le substrat culturel dont la langue locale et des attitudes.  Les thématiques du film sont actuelles et se retrouvent dans les films des autres cinéastes africains.

Tout se mêle et s’entremêle. Une maîtrise de la lumière dans les espaces scéniques d’intérieur et d’extérieur dans une combinaison harmonieuse de couleurs (espace, corps).  Cette maîtrise de la lumière ne surprend guère vu le parcours du réalisateur. Il s’était d’abord formé au métier de projectionniste avant de poursuivre des études en cinéma à l’Institut des Hautes Etudes Supérieures de la Cinématographie de Moscou.

Scène du film Baara

Le récit filmique de Baara est nourri de plusieurs valeurs de plans qui participent à la vivacité du récit et contribuent à faire une situation générale des scènes ou à mettre en valeur l’expression des visages par des plans rapprochés. La séquence de dispute entre le directeur Makan Sissoko et sa femme Djénéba qui a conduit à l’assassinat de cette dernière illustre cela.  De même que la séquence de l’infidélité sur le lit conjugal de la femme du PDG avec NIAR dans laquelle le réalisateur interroge sa société.

Souleymane Cissé est auteur de plusieurs films (fiction et documentaire) ; son premier film L’homme et les étoiles est sorti en 1965 en 35mn. Il faut souligner que Souleymane Cissé est un fin connaisseur en réalisation sur les pellicules 35mn et16 mn. Aujourd’hui, il s’adonne plus à la production. En 2023, il a été honoré par le Festival de Cannes pour son parcours cinématographique recevant ainsi le carrosse d’Or. Le 8 août 2024 lors de la conférence de presse dans le processus de 29ème édition du Fespaco, il a été désigné pour présider le Jury Long Métrage de la compétition officielle de cette importante rencontre des cinémas d’Afrique et de sa diaspora.

                                                                                  Youssoufa HALIDOU HAROUNA

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