Analyse
Sorti en 1997, le film Buud Yam réalisé par Gaston Kaboré du Burkina Faso est une fiction, long métrage de 95 minutes. Le film à l’allure d’un conte, évoque la proximité entre Wend Kuuni et sa sœur la belle Pughneere dans un village où les préjugés sont vivaces.
Dans un récit bien conduit où s’entremêlent plusieurs thèmes (adoption, médecine traditionnelle, famille, amour fraternel, tresses du terroir, royauté, etc.) à travers plusieurs genres filmiques (comique, action, suspens, découverte, historique) le réalisateur a su montrer le parcours de combattant de Wend Kuuni à la recherche de la potion magique « la tisane du lion » du grand guérisseur pour sauver sa sœur.
La rencontre de Wend Kuuni avec les différentes communautés (touareg, peul et bambara), de prince et de princesse l’a amené à braver la soif, la faim et la mort dans son périple jalonné de tentation parfois démoniaque.
L’environnement verdoyant, l’espace des lieux de tournage et des prises de vue réussies (plans d’’ensemble, champ contre champ, plan panoramique horizontal rendent dynamiques les scènes avec des mouvements des personnages et des figurants.
L’esthétique du film est agrémentée par l’architecture du village où l’on peut admirer des arts du terroir ( poterie, maisons en banco, des greniers, le décor intérieur et extérieur) mais surtout l’emblématique tissu Faso Dan Fani bien exploité dans l’espace scénique (au marché, au village, en brousse) où les vêtements sont en lien avec les saisons, certainement pour se protéger contre le froid ou faire face à la chaleur.
Le film met en exergue aussi la beauté de la femme noire au corps bien gras, la robustesse de Wendy Kuuni le cavalier solitaire, la joie de vivre à travers les jours de marché et des fêtes foraines où les jeunes filles s’affichent lors des danses au rythme de la musique locale.
Le contexte du film est celui où les échanges commerciaux se faisaient avec des cauris pour se procurer des biens, (mil, mais, sorgho…), ce qui peut correspondre au 19ème siècle dans la boucle du fleuve Niger. Les populations vivaient de l’agriculture et de l’élevage avec des moyens de transports traditionnels (chameaux, chevaux).
Dans Buud Yam, la relation fraternelle très développée chez Pughneere, participait par télépathie à prévenir (voyance) les malheurs que pourraient rencontrer son demi-frère adoptif Wend Kuuni. Cet amour a eu raison de la maladie et permis aux villageois de se guérir des maux grâce à la persévérance de Wend Kuuni qui a réussi à faire venir le mystérieux devin dans son village.
Buud Yam peut être vu comme un film d’appel à la responsabilité sociale, sur l’esprit de cohésion, la solidarité, l’entraide dans la différence et le partage ce dont ont besoin les peuples comme ceux du Sahel aujourd’hui pour vaincre l’adversité. Le recours à ces valeurs peut être salutaire dans un contexte géopolitique où les moins entreprenants restent les plus soumis.
Le film Buud Yam est lauréat du Grand Prix Etalon de Yennenga de la 15ème édition du Festival Panafricain de Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou.
Youssoufa Halidou Harouna