Entretien avec Aristide Tarnagda et Delphine Yoboué, deux grandes figures du théâtre

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À l’occasion de la journée mondiale du théâtre célébrée le 27 mars, MediaCulture.info a réalisé un double entretien avec Aristide Tarnagda, auteur, dramaturge, comédien, metteur en scène burkinabè, également directeur du festival Les Récréâtrales de Ouagadougou et Delphine Yoboué, Directrice du festival International de Théâtre d’Abidjan. L’entretien porte sur la situation du théâtre dans leurs pays ; les sujets évoqués dans leurs créations et l’impact que peut avoir cet art de la scène auprès des populations. 

Aristide Tarnagda (Burkina Faso)
©Sophie Garcia

« La plus part des pièces que j’écris ou mets en scène donnent la parole aux marginalisés, opprimés, humiliés »

MediaCulture.info : Quelle appréciation portez-vous sur la situation du théâtre au Burkina Faso ; est ce que cet art de la scène suscite l’engouement du public ?

Aristide Tarnagda : Les salles refusent parfois du monde. Pendant les Récréâtrales, lors des représentations au Carrefour International de Théâtre de Ouagadougou (CITO), parfois des salles ont refusé du monde. L’engouement pour le théâtre est indéniable. Mais vous savez qu’au théâtre il y a toujours de la place. (rires). Pour ce qui est des Récréâtrales, c’est un festival qui a lieu tous les deux ans, au Burkina Faso, Ouagadougou. L’événement qui a aujourd’hui 13 éditions, réunit des artistes, auteurs, metteurs en scène, scénographes et comédiens, autour de résidences artistiques organisées à Gounghin, au sein des cours familiales de Bougsemtenga, un quartier populaire.

MediaCulture.info : Bien plus que du spectacle, des messages sont véhiculés, des préoccupations sont évoquées à travers le théâtre. De ce point de vue, y a-t-il des faits sur lesquels portent particulièrement vos pièces?

Aristide Tarnagda : Mes pièces portent sur la nécessité de prendre soin de la vie et d’augmenter l’humanité. Faire du théâtre c’est célébrer et affirmer la beauté de la vie. La plus part des pièces que j’écris ou mets en scène donnent la parole aux marginalisé.e.s, opprimé.e.s, humilié.e.s.

MediaCulture.info : Pensez-vous que le théâtre soit aujourd’hui accessible au plus grand public de manière à impacter nos sociétés ?

Aristide Tarnagda : Oui et non. Un festival comme les Récréâtrales que je dirige a ancré sa pratique dans les cours familiales. En ce sens l’accessibilité au théâtre ne se pose plus. Mais le théâtre ne devrait pas se résumer à un événement. Le théâtre doit être une fête quotidienne accessible à tout le monde et partout. Ce n’est pas encore tout à fait le cas. Parce les efforts des actrices et acteurs du théâtre ne sont pas accompagnés de manière structurelle. Or plus que jamais nous avons besoin de théâtre pour prévenir, guérir et espérer.

Delphine Yoboué (Côte d’Ivoire)

« Il faut que nous puissions nous refléter à travers les histoires que le théâtre raconte »

MediaCulture.info : Quelle appréciation portez-vous sur la situation du théâtre en Côte d’Ivoire ; est ce que cet art de la scène suscite l’engouement du public ?

Delphine Yoboué : La Côte d’Ivoire a toujours été un pays de théâtre. Il y a quelques années, avec les différentes crises sociales, politiques que le pays a vécues nous avons eu plusieurs salles fermées pendant longtemps, mais aujourd’hui les choses reprennent bien. Justement, à l’occasion de cette journée mondiale de théâtre que nous célébrons, le lycée d’enseignement artistique d’Abidjan à travers l’unité pédagogique du théâtre m’a honorée lors d’une cérémonie.

MediaCulture.info : Bien plus que du spectacle, des messages sont véhiculés, des préoccupations sont évoquées à travers le théâtre. De ce point de vue y a-t-il des faits sur lesquels portent particulièrement vos pièces?

Delphine Yoboué : Le théâtre est une représentation, c’est à dire le reflet de la vie. Ainsi, faudrait-il que nous puissions nous refléter à travers les histoires que le théâtre raconte afin de pouvoir remédier aux maux qui minent la société, donc nous traitons de tous les sujets.

MediaCulture.info : Pensez-vous que le théâtre soit aujourd’hui accessible au plus grand public de manière à impacter nos sociétés ?

Delphine Yoboué : Oui le théâtre est toujours accessible au plus grand public, même si nous n’avons pas de salles pleines. Et c’est pour cela que nous travaillons dur pour que le public renoue avec le théâtre. Pour le Festival International de Théâtre d’Abidjan(FIThA) dont je suis la directrice, nous faisons le théâtre d’approches. La  11ème édition qui est prévue en octobre 2023 va se tenir dans les quartiers, les places publiques comme les marchés avec pour thème « Arts et Développement pour l’atteinte des Objectifs du Développement Durable (ODD) 5, 11, 13, 15 ». Je pense que l’art, le théâtre peut impacter la société ; ça peut nous permettre de construire la société.

Entretien réalisé par Mousoul

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