Expo “Rendre visibles les Invisibles” de Warren Sare, le passeur de mémoire

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Affiche de l’Expo ” Rendre visibles les Invisibles” ©DR

Après le Burkina Faso, son pays, le Bénin, la France, la Belgique,  les États-Unis, le photographe Warren Sare installe à Niamey son exposition intitulée Tirailleurs. Rendre visibles les Invisibles,  dont le vernissage a eu lieu le 13 juin 2023 au CCFN Jean Rouch de Niamey en présence de plusieurs personnalités, dont l’ambassadeur de France au Niger, SE Sylvain Itté mais aussi M. Dandié Bonkano un des anciens combattants dont la photo fait partie des 200 portraits exposés. Le public s’est massivement mobilisé pour apprécier ces photos prises des pays d’Afrique de l’Ouest, en France et qui nous plongent dans une histoire souvent douloureuse.

Une vue du public lors du vernissage de l’Expo “Tirailleurs : Rendre visibles les Invisibles” ©DR

 A travers Tirailleurs. Rendre visibles  les Invisibles Warren Sare s’inscrit dans le rôle de « passeur de mémoire ». Le photographe ne veut rien laisser concernant cette mémoire souvent douloureuse. En documentant cette histoire d’anciens combattants qui se sont battus pour la France, Warren Sare évoque aussi des faits qui le concernent personnellement, car son arrière-grand-père a combattu pour la France pendant la première guerre mondiale d’où il n’est d’ailleurs jamais revenu. «  C’est l’histoire de mon arrière-grand-père que je poursuis comme ça », confie-t-il en parlant de ses motivations pour la série qu’il a consacrée à ces hommes qu’on appelle anciens combattants ou tirailleurs.

Des visiteurs lors de l’Expo©DR

Dans les années 80 Warren avait commencé à questionner son grand père sur l’histoire de ces personnes qui se sont sacrifiées pour la métropole sur les différents champs de batailles. Et, à partir de 2005 le photographe burkinabè se lança dans une longue et passionnante quête, parcourant l’Afrique de l’Ouest mais aussi la France pour rencontrer ceux qui parmi ces anciens combattants étaient vivants ou leurs veuves pour recueillir leurs témoignages. « lls taisent souvent cette histoire à leur famille, alors qu’ils conservent précieusement des effets dans leur cantine militaire. Avant de les prendre en photo, il faut réveiller aussi tout ce passé qui est douloureux. Il faut connaître cette page d’histoire et la transmettre surtout aux jeunes », affirme Warren Sare. L’art photographique, estime-t-il, est un outil pour le passage des objets de mémoire d’une génération à l’autre. En cela les expositions sont un moment important de transmission de cette mémoire. Et Warren Sare ne rate pas les occasions pour assurer sa mission de passeur de mémoire.

Warren Sare avec l’ambassadeur de France et le Directeur du CCFN©DR

C’est donc avec une grande joie que Warren Sare s’est retrouvé au CCFN Jean Rouch de Niamey, puisqu’il voulait exposer ses photos au Niger où certains de ses portraits ont été réalisés. Le photographe était à Niamey, Maradi, Zinder pour rencontrer ces hommes, qui ont combattu pour la France, réveiller leur passé douloureux, et les immortaliser. Il montre ces hommes âgés, arborant leurs effets dont de grosses médailles, entourés souvent de leurs fils, filles, femmes et petits enfants.  Des fois les veuves de ces anciens combattants sont aussi photographiées.

Warren Sare avec l’ancien combattant Dandié Bonkano©DR

 Certaines personnes de cette série de portraits sont aujourd’hui vivantes. C’est le cas de Dandié Bonkano qui était sur les fronts en Indochine et en Algérie. Il était présent au vernissage de l’exposition Tirailleurs. Rendre visibles  les Invisibles. Parmi les autres portraits on retrouve aussi celui du tirailleur sénégalais Yoro Diao dont le retour récent de la France au Sénégal a été très médiatisé. Toutes ces œuvres qui nous apprennent beaucoup et participent de la transmission de la mémoire collective sont à voir et à apprécier dans le hall du CCFN Jean Rouch de Niamey jusqu’au 30 juin 2023.

Warren Sare, un féru de l’art photographique 

Warren Saré, dont le travail est admiré à travers le monde, comme lors de l’exposition Tirailleurs. Rendre visibles  les Invisibles qu’accueille le CCFN de de Niamey, est l’illustration vivante de l’abnégation et de l’amour du travail.  Que de chemin parcouru, mais aussi d’obstacles surmontés pour arriver là où il est.   

Le photographe Warren Sare, posant devant ses œuvres©DR

Tout jeune, Warren Saré rêvait d’écrire, mais n’ayant pas été à l’école c’est avec son appareil photo qu’il réalise son rêve. Sa maman a fortement contribué dans sa trajectoire. Pour soulager la déception de son fils apprenti photographe suite à sa mésaventure auprès de son patron au village de Begado, la maman de Warren fit tout ce qu’elle pouvait pour l’envoyer à Ouagadougou afin que l’adolescent y apprenne le métier qu’il affectionne tant. « Eprouvée de m’avoir vu malheureux, suite à un incident avec mon patron, ma mère a vendu sa chèvre à 3000 FCFA pour me payer le ticket du voyage à 1000 FCFA et me donna 2000 FCFA comme argent de poche. Elle m’a dit, “mon fils tiens, va en ville pour chercher à devenir photographe !” Et mon aventure en ville commença, car je n’avais aucune connaissance à Ouaga », raconte avec fierté et émotion Warren Sare. Après plusieurs petits métiers le jeune homme a pu commencer l’apprentissage pour devenir photographe.

Actuellement Chevalier de l’Ordre de mérite des arts, des lettres et de la communication du Burkina Faso ; président du Centre Photographique de Ouagadougou ; initiateur du réseau africain de la photographie créative ; animant régulièrement des masters class au profit des jeunes avec des interventions dans les lycées en Afrique, France, etc., Warren affirme être toujours en train de « chercher à devenir photographe ». Une modestie appréciable à sa juste valeur, à en juger par ses œuvres.

 Remarquable par sa bonne humeur, un bel atout pour son métier, l’air plutôt jeune, Warren Sare poursuit sa trajectoire et sa mission d’historien de la photographie.

Mousoul

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