Festival Fila Ni Kélé : trois jours de spectacles dans les marchés de Bamako

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Quatre marchés de Bamako ont vécu du 20 au 22 novembre 2020 une animation particulière, dans le cadre du Festival Fila Ni Kélé. Les Halles de Bamako, les marchés de Niamakoro, de Balabougou et de Sabalibougou dans la capitale malienne ont vibré au rythme de la danse contemporaine à l’initiative du Centre de danse Don Sen Folo.

C’est à partir des Halles de Bamako que le Festival Fila Ni Kélé a été lancé  le 20 novembre 2020. Les vendeurs (euses), les acheteurs (euses) et les invités ont apprécié la performance, « Sauvons la nature » de Alou Cissé dit Zol,  celle de Oumar Coulibaly, intitulée « Visible invisible » et créée sous le tutorat d’Abdul Kinyenya Muyingo de l’Ouganda. Le spectacle « Le Cocon » de Balakissa Kébé, qui a bénéficié de la touche du danseur-chorégraphe burkinabè Aguibou Bougobali Sanou  a bouclé la cérémonie d’ouverture.

Notre environnement est malsain. Poussière et eaux usées rivalisent d’ardeur pour nous rendre la vie difficile. Malheureusement, nous ne faisons pas grande chose pour nous doter d’un système d’assainissement digne de nom. Et, la conséquence est que des tas d’immondices envahissent nos espaces de vie au quotidien. Et, pour ne rien arranger, les sachets plastiques avec leurs conséquences désastreuses, s’invitent dans un décor déjà sinistre qui n’invite qu’à la révolte. Et, c’est révolté de l’inaction des autorités, mais surtout de ses concitoyens qui ne font rien pour l’amélioration de leur cadre de vie, qu’Alou Cissé dit Zol a décidé à sa manière de sauver la nature, en lançant un appel : « Sauvons la nature ».

Habillé des pieds à la tête avec des sachets plastiques noirs, il est pratiquement impossible qu’Alou Cissé passe inaperçu. Et, dans une gestuelle bien précise, le danseur a trimballé ses déchets plastiques jusque dans le grand bac à ordures des Halles de Bamako. Toujours en dansant, il y grimpe et se débarrasse de son costume de déchets plastiques noirs et y ressort avec un autre costume blanc, mais cette fois-ci fait de couches de bébés usagers. « Nous n’arrivons pas à nous débarrasser des déchets plastiques qui nous envahissent de toute part et voilà que nous assistons à une ruée sur un nouveau type de déchet : les couches de bébés usagers », dénonce le danseur. Et, sur une moto, vêtu de son costume de couches de bébé, Alou Cissé a traversé le marché des Halles de Bamako, drainant derrière lui une foule.

M. Lassina Koné, Directeur artistique du Centre de danse Don Sen Folo, initiateur du Festival Fila Ni Kélé, explique que cette initiative fait suite à un programme ambitieux de formation de 3 ans de 18 danseurs, de toutes les régions du Mali.  14 de ces jeunes danseurs venus de Bamako, Ségou, Sikasso et Koutiala, dans le cadre de Fila Ni Kélé, ont bénéficié de l’accompagnement de 8 maîtres danseurs de renommée internationale, pour peaufiner leur création. Ce sont  les chorégraphes Aguibou Bougobali Sanou du Burkina Faso, Abdul Kinyenya Muyingo de Ouganda, Alou Cissé dit Zol du Mali, Hardo Ka du Sénégal, Auguste Ouédraogo du Burkina Faso, Daouda Keita du Mali, Christophe Chéleux, venu de la France et Mascha Tielemans des Pays-Bas. « Dans le cadre de ce festival, nous avons prévu 21 prestations en trois jours dans 4 marchés : Halles de Bamako, marché de Niamakoro, marché de Sabalibougou, et le marché de Badalabougou », précise-t-il.

Il s’agit de faire la promotion de la danse au Mali, ajoute-il. « Nous avons décidé d’amener la danse contemporaine au marché pour sensibiliser nos concitoyens sur une bonne perception de la danse », souligne-t-il. M. Lassina Koné souligne qu’ils se sont donnés la mission d’offrir un avenir à la danse contemporaine au Mali afin que les danseurs puissent eux-mêmes œuvrer à la compréhension et à la diffusion de leur Art. Mais, surtout pour qu’ils puissent vivre de l’art de la danse.

En sa qualité de parrain de l’évènement, Karim Togola, Maire de Sabalibougou, Directeur du Centre Karim Togola et lui-même danseur de son état, a salué l’organisation de ce festival dans les marchés afin de faire la promotion de la danse au près de la population, qui souvent est loin des salles de spectacle.

Il a félicité Lassina Koné pour son engagement pour la danse au Mali. Il a aussi salué les différents artistes pour leur création, notamment Aliou Cissé qui a décidé de poser la problématique des la gestion des ordures dans nos cités, à travers la lutte contre la prolifération des sachets plastiques. Il a relevé que c’est pour la première fois au Mali qu’il y a une initiative de création et de représentation de spectacle dans les marchés.

Les spectateurs ont apprécié également la performance de Oumar Coulibaly. Intitulé « Visible Invisible », ce spectacle a été mis au point sous le tutorat de Abdul Kinyenya Muyingo de l’Ouganda. Après c’est Balkissa Kébé qui a invité le public à apprécier sa métaphore qui explore la solitude, dans un spectacle intitulé « Le cocon », mis au point grâce à l’accompagnement de Aguibou Bougobali Sanou du Burkina Faso.

Ensuite, les festivaliers ont rallié le marché de Niamakoro pour voir deux performances. Celle de Ousmane Fofana coaché par Daouda Keita et intitulée « Falah Tièma » et celle du duo Mariam Diabaté et Samuel D. Coulibaly, avec pour titre  « Djnè tunu n’na », une création peaufinée avec l’accompagnement de Auguste Ouédraogo.

Dans son spectacle de danse, Ousmane Sanogo a résumé la vie d’un orphelin parsemée de difficultés, d’injures et de maltraitance. La moralité de sa performance : « seul l’effort paye ». En effet, de travaux en travaux, et après beaucoup de sacrifices, la réussite de l’orphelin sera saluée par une liesse populaire.

Après cette phase réussie de Bamako qui a eu lieu du 20 au 22 novembre 2020, Don Sen Folo qui bénéficie du soutien d’une quinzaine de partenaires propose l’organisation d’une tournée régionale qui va conduire les artistes à se produire dans les marchés de Sikasso, Ségou et Koutiala du 25 novembre au 5 décembre 2020 et du 19 au 30 décembre 2020 dans les marchés de Tombouctou.

Assane Koné

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