Guimba, un tyran, une époque : le plus fort n’est jamais assez fort…

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Adapté d’une légende sahélienne, le film  Guimba, un tyran, une époque est l’histoire d’un roi et son fils qui régnaient de main de fer. Un pouvoir royal, totalitaire, sans partage ni pitié,  soumettant les hommes et les femmes dépourvus de tout droit. Les femmes sont abusées sexuellement et les hommes forcés de divorcer de leurs épouses. Entre humour, suspens, action, découverte, tragédie, amour, les scènes du film sont dynamiques et captivantes.

Guimba, un tyran, une époque  s’ouvre une scène de pêche avec un piroguier et un conteur qui joue son instrument de musique traditionnelle communément appelé le molo au Niger.  à travers un travelling aux abords du fleuve, le conteur habillé d’une tenue aux couleurs locales narre l’histoire du Roi Guimba et de son village impénétrable, Sitakila. Tel que planté, le décor montrant l’espace et les personnages, illustre l’ancrage de la tradition dans cette communauté.

L’oralité, très présente à travers les proverbes, les éloges,  le gestuel, la langue et aussi de contrat social  s’entremêlent pour donner plus de sens à la tradition et au  film. Ce proverbe proféré par le griot de la cour royale en illustre :  « La merde n’est pas l’épine  mais qui la piétine, boitille ».  Le spectateur découvre dans un récit bien conduit où le langage cinématographique ne souffre d’aucune ambiguïté les diverses thématiques développées (royauté, pouvoir, mysticisme, abus, guerre, révolte,  famille, amour, etc.) par le réalisateur malien Cheich Oumar Sissoka dans ce long métrage sorti en 1995. Les thématiques restent encore d’actualité dans les sociétés africaines où le pouvoir du Roi(Chef) est incontestable, qu’il soit politique ou coutumier et  caractérisé par toutes sortes d’abus au grand désaroi des populations. Les qualificatifs du Roi Guimba sont nombreux et contradictoires, qui sont parfois exprimés et vus  dans le récit. Ainsi, on peut entendre que Guimba est : genereux, désintéressé, méchant, impitoyable, guerrier, brave, invincible est ne tolérant aucune désobeissance d’un sujet. Impudique, car il est un grand coureur de jupon.

Royalement habillé à chacune de ses apparitions, Guimba n’hésite pas à aller conquérir les ennemis mais surtout conquérir les plus belles femmes de sa cité au point de rivaliser avec son fils Jangine le nain, héritier du trône, qu’il a tué de ses propres mains. Le Roi prend plaisir avec les membres restreints de la cour à regarder la lutte traditionnelle de ses guerriers chaque matin dans son palais orné de statues, de poterie dont l’esthétique égaie l’œil. D’ailleurs  le décor et les costumes dans toutes les scènes à l’intérieur avec une belle  prise de lumière comme à l’extérieur des maisons avec une architecture reflétant les conditions de vie des personnages. Les personnages Meya, Kani le griot, Sambou ont contribué à donner du rythme, des émotions de joie et de tristesse au film dans leur jeu de rôle magnifique.Les bruitages des armes, des courses des chevaux et des effets spéciaux dans les consultations des dieux donnent à voir la maîtrise des techniques cinématographiques.  

Le tout puissant Roi finit par tomber en disgrâce, une décadence causée par Siriman le devin,  qui lui jette le sort du charme envoutant à travers la belle Sadio.

 Gumiba, un tyran, une époque a remporté l’Étalon de Yennenga en 1995 au Festival Panafricain du Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou. Le film allie littérature africaine et cinéma.

                                                                                      Youssoufa Halidou Harouna

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