Le film Histoire d’une rencontre (1983) du réalisateur algérien Brahim Tsaki est une fiction long métrage qui relate une relation amicale voire amoureuse entre deux jeunes sourds muets dont les parents sont de classe sociale et conditions de vie diamétralement opposées, dans une contrée désertique où l’exploitation du pétrole est mise en exergue. La rencontre entre les deux jeunes vivant avec un handicap illustre une relation qui brise la frontière interculturelle, la barrière des contraintes sociales.
Le jeune sourd-muet, acteur principal du film est issu d’une famille nucléaire modeste de 5 personnes, vivant de l’élevage artisanal de poulet. Ouvrier dévoué à la société pétrolifère de sa localité, le jeune parcourt plusieurs kilomètres à l’arrière d’une voiture pour son lieu de travail.
Une routine, un aller-retour chaque jour, qui lui permet de contempler et être en harmonie avec la nature, peut-être une manière de compenser son handicap.
L’autre est la fille d’un expatrié américain ivrogne et solitaire de la société pétrolière. La jeune adolescente est passionnée de la photographie et de cinéma. A travers ses prises de photo imprudentes, parfois artistiques mais de manière un peu intrusive souvent elle arrive à immortaliser des scènes inédites de son jeune amoureux.
Bien que peu rythmique, le récit du film Histoire d’une rencontre se caractérise par la variation des plans ( Gros plan, plan d’ensemble, plongée, contre plongée, etc.), ce qui permet au réalisateur de développer plusieurs thématiques dont l’exploitation des ressources naturelles, la migration des occidentaux comme l’illustre les périples de l’américain et sa fille à la recherche de sites pétrolifères, l’opposition entre classes sociales, éducation, tenues vestimentaires, la place dans la société des personnes en situation de handicap, la vie renfermée des expatriés à l’instar de la fille, qui joue seule au Tennis.
Le film pousse à une réflexion sociale sur les conditions de choix de vie de toute personne. Histoire d’une rencontre est lauréat du Grand Prix “Étalon de Yennenga” au Festival Panafricain de Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou (FESPACO) en 1985.
Youssoufa Halidou Harouna
