“La Miséricorde de la Jungle” : un film d’une brulante actualité

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Une scène du film La miséricorde de la jungle@DR

Primé Etalon d’Or au Fespaco 2019,  The Mercy of the Jungle ou La Miséricorde de la Jungle, le long métrage du jeune réalisateur rwandais, Joel KAREKEZI sorti en 2018, porte sur les combats que se livrent groupes armés et forces régulières dans la jungle congolaise. Cette fiction de 90 minutes était au programme des projections-débats organisées à l’Institut français de Ndjamena dans le cadre de la première édition du Laboratoire Les Ateliers de Toumaï.

   Des crépitements effrayants d’armes de guerre, des corps qui tombent : cette scène horrible de tuerie dans la forêt, les villages, à donner de la chair de poule, il y en a tout au long des 90 minutes que dure The Mercy of the Jungle ou la Miséricorde de la Jungle.

Le contexte du film est celui de la guerre de 1998 dans la zone du Kivu (République Démocratique du Congo), où  des groupes armés, mais aussi des soldats d’armées régulières des pays de la région se battent. Ils se livrent cette guerre pour des intérêts économiques, le contrôle et l’exploitation des ressources du sol et sous-sol autant que pour des questions politiques et ethniques. Une réalité encore d’actualité que le réalisateur  Joël KAREKEZI a porté à l’écran à travers sa fiction.

Les deux principaux personnages de ce long métrage, le sergent Xavier, héros de guerre rwandais, et le jeune et inexpérimenté soldat Faustin sont en territoire ennemi où ils combattent dans une guerre difficile à cerner. Ils se retrouvent coupés de leur contingent, qui a levé le camp pendant leur sommeil. Commence alors pour eux une odyssée dans ce vaste enfer vert qu’est la forêt congolaise, à la recherche de leur unité. Les deux compagnons d’infortune ne peuvent espérer leur salut dans cette jungle que par l’envie de survivre, la foi en une certaine grâce, bref « la miséricorde de la jungle ». Mais, le sergent Xavier croit ne plus y avoir droit, du fait de la malédiction du poids de ses actions.

Une scène du film La miséricorde de la jungle@DR

 Difficile d’être insensible face à la violence et à la férocité qui caractérisent les acteurs de ces conflits tels que le réalisateur a voulu les montrer. Une guerre dont les protagonistes sont « tous les mêmes », comme le dit un personnage du film : ils peuvent se révéler capables de la pire des cruautés, n’épargnant pas les civiles innocents, pas même le plus petit enfant. La peur est permanente dans tous les camps.

Avec des images certes violentes, mais d’une grande qualité, un scénario bien écrit et joué, le jeune réalisateur Rwandais a remarquablement signé avec La Miséricorde de la Jungle son entrée dans la fiction long métrage.

 Joël KAREKEZI a essayé de renvoyer dos à dos les acteurs de ce drame qui se joue dans cette zone-poudrière, victime de sa richesse. Une zone considérée à juste titre comme un scandale géologique.  

Une scène du film La miséricorde de la jungle@DR

Le film peut être vu comme une interpellation, vis-à-vis de toutes ces forces nationales, étrangères ou internationales se battant pour des intérêts économiques et géostratégiques. Aussi, comme dans son film Le Pardon, à travers La Miséricorde de la Jungle, le réalisateur qui a été affecté par le génocide rwandais de 1994, exprime d’une certaine façon un vœu ardent pour la paix avec la fin du cycle infernal de violence, de vengeance dans lequel est plongée cette zone depuis des années. Un vœu malheureusement contrarié aujourd’hui par la préoccupante actualité dans cette partie du continent qui sert d’environnement à la fiction La Miséricorde de la Jungle.

Bien au-delà de son contexte, le film renvoie également dans une certaine mesure à une autre triste réalité toujours en Afrique : celle de la situation que vivent certains pays au Sahel où sévit un conflit difficile à cerner. Une guerre asymétrique dans laquelle des populations sont chassées de leurs terroirs, tuées sans comprendre pourquoi.

Mousoul

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