Réalisé en 1975 par Jean-Pierre Dikongué Pipa, Muna Moto est un long métrage fiction, noir et blanc de 85 minutes. C’est l’histoire d’amour passionnel et dramatique aux conséquences funestes d’un jeune couple Ngandou et N’Dome, confronté à des pratiques culturelles dans un village très porté sur la tradition.
Dans une diversité de thématiques entremêlées (héritage, polygamie, mariage forcé, abus parental, violence Basée sur le Genre (VBG), jeunesse et précarité, famille, amour-passion, pratiques de culte, pèche, coupe des arbres, musiques traditionnelles, danse, organisation sociale, etc.) le réalisateur interroge sa société parfois de manière très dure en utilisant les techniques cinématographiques (prolepse, flasback) pour conduire le récit filmique à travers le choix du décor, des acteurs, des bruitages et le rapport du corps (torse nu) avec la culture .
En héritant des biens et même de la femme de son frère décédé, le macho oncle, malgré ses quatre (4) femmes ne se questionne toujours pas sur sa stérilité. Il s’active pour prendre N’Dome la copine de son neveu Gandou (le fils de la femme du défunt frère).
Impuissant face à sa précarité, à l’exploitation des puissances occidentales qui amenuise les ressources du fleuve, N’gandou pécheur se reconvertit au métier de coupe de bois « déforestation » afin de réunir le montant de la dot tant attendue pour sa dulcinée.
Le film Muna Moto est une réflexion sur des us et coutumes à savoir la portée de la virginité et le regard de la société sur la mariée et sa famille. Mais, aussi la place du matériel pour conquérir une jeune fille même sans son consentement auprès de ses parents. Un film qui peut trouver encore d’échos dans certaines communautés africaines.
Muna Moto a eu le Grand Prix, Etalon de Yennenga à la 5ème édition du Festival Panafricain de Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou (FESPACO) en 1976.
Youssoufa HALIDOU HAROUNA