Said Mouhamed Ba: «les thèmes de mes ouvrages sont des choix fondés sur des préoccupations liées à l’humanité…»

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L'écrivain sénégalais Said Mouhamed Ba
L’écrivain sénégalais Said Mouhamed Ba

Après des études de Lettres Modernes à l’Université Cheick Anta Diop de Dakar, Saïd Mouhamed Ba s’est installé à Saint-Louis du Sénégal où il vit et enseigne au Lycée Ameth Fall. Membre du cercle des écrivains et poètes de cette ville, il est animateur d’ateliers de théâtre, dramaturge, romancier et poète. Rencontré en décembre 2019 à la “Résidence 10/10”, près de Saint-Louis où il terminait la rédaction d’un nouveau recueil de poèmes, Said Mouhamed Ba a accepté volontiers de parler des thèmes de ses différents ouvrages. 

Dans son écriture, Said Mouhamed Ba vogue allègrement entre théâtre, roman, et poésie. Qu’il s’agisse de “l’Autre Président d’Afrique”, “Des vers pour la vie”, “Paris Capitale de la haine», «La révolte du sexe”, ou de “Tukki” le voyageur,  leurs thèmes sont dit-il, « des choix fondés sur  des préoccupations liées à l’Afrique, au Monde, à la géopolitique, à l’humanité de manière globale ».  L’écrivain sénégalais invite aussi à travers ses différents textes à aimer la vie, à éduquer, quitte à briser certains tabous, à cultiver l’intérêt général, et veut susciter de l’espoir.     

  L’espoir,  c’est de cela qu’il s’agit dans “Paris Capitale de la haine», pièce de théâtre  publiée en2015, à travers laquelle Said Mouhamed Ba évoque une préoccupation plus que jamais brulante. Il montre dans cette œuvre  comment les terroristes utilisent les différences entre les gens pour aboutir à leur  dessein qui n’a rien avoir avec ce qu’ils leur promettent.  Mais, Said Mouhmed Ba donne plutôt une autre issue à ses personnages. «  Je ne conçois pas que quelqu’un puisse prendre une bombe et aller se faire exploser quelque part pour tuer des humains », dit-il.  Une manière pour lui de montrer qu’il y a une alternative à l’extrémisme, in fine.   

Il est aussi question d’espoir, d’attente, dans “Tukki” le voyageur en Wolof(2018), de la poésie sur l’immigration clandestine. Le texte analyse les raisons du départ,  le dilemme de ceux qui veulent revenir et qui se posent des questions; mais aussi la situation de ceux qui sans avoir quitté ont pu réussir sur place. Sans blâmer les candidats au départ, le poète estime  que c’est aux gouvernants de donner aux jeunes des raisons d’espérer et de rester, en cultivant tout simplement l’intérêt général, la bonne gouvernance.  Ce à quoi  Saïd appelait dès son premier texte “l’Autre Président d’Afrique”,  paru en 2011, où il  évoque la façon dont le pouvoir est géré en Afrique. Toutefois, pour lui  ce  ne sont pas souvent les occidentaux ou d’autres puissances étrangères pointés du doigt  qui empêchent à l’Afrique de se développer : « dans ma façon d’analyser, je pense que les africains sont aussi  responsables de leur niveau de sous développement, parce que ce sont eux qui choisissent leurs présidents…», estime Saïd.   

Un peu sur la même lancée, dans «Des vers pour la vie», un recueil de poèmes paru en 2013,  le poète  appelle l’être humain à se réconcilier avec la  vie dans son harmonie, à découvrir le sens caché des choses. « J’aime un peu cette poésie de la vie, une poésie un peu mystique, ces choses qui nous parlent et que nous ne voyons pas », confie-t-il.  Pour lui tous les éléments de la vie sont liés, et en les détruisant l’homme  ne nuit qu’à lui-même. « Si l’homme n’est pas capable de créer l’harmonie, il doit faire très attention pour ne pas au moins détruire ce qu’il ne comprend pas », lance-t-il.

Briser les tabous

  Saïd Mouhamed Ba évoque également dans ses textes des sujets considérés tabous dans certaines sociétés comme la sienne. C’est le cas dans son roman “La révolte du sexe” paru en 2016 où il est question d’éducation à la sexualité.  « Quand j’anime des conférences, les gens disent : c’est un sujet dont vous ne devrez pas en parler », relève-t-il.  Mais pour l’écrivain, c’est plutôt  le regard qu’on a en général sur le sexe qui est mauvais.  « Ce n’est pas le sexe qui est mauvais en soi, mais c’est dans la conception qu’on a sur cette partie du corps que se trouve quelque chose de mauvais », affirme-t-il. Aussi, Saïd fait remarquer les dangers auxquels sont confrontés les jeunes, et même les adultes, face aux contenus pornographiques  sur le net. « Il y a tout un mythe, tout un imaginaire qu’on développe sur le sexe,  la performance sexuelle, l’utilisation d’aphrodisiaque etc. », déplore Saïd. « On était dans une société où les parents éduquaient leurs enfants (sur ces sujets), mais aujourd’hui aborder ce débat devient difficile et notre rôle c’est d’avoir le courage de le faire parce qu’il est vital. Il faut que les jeunes soient informés ; le sexe fait partie de la vie, mais pour nous musulmans il y a une législation », soutient-il. Face à la « pudeur  apparente des sociétés africaines »,  l’auteur  pose dans la “La révolte du sexe” le  débat sur l’éducation à la sexualité.  On retrouve ainsi dans une sorte de duel  les parents d’élèves qui conçoivent  cette démarche comme « l’antre du mal » et les enfants pour lesquels le sexe ne doit plus être un tabou. Un thème qui continue de susciter des interrogations et inquiétudes dans les sociétés africaines, notamment quant à  l’opportunité de l’éducation à la sexualité, son contenu… 

Mousoul

MediaCulture.info

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2 réponses

  1. Bonne continuation à l équipe. J ai bien aimé les articles de même que la présentation, je trouve que c est digeste avec un contenu assez riche. Chapeau et bonne continuation

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