“Saitane” du nigérien Oumarou Ganda : Retour sur un classique du cinéma africain

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Scène du film “Saitane”

Saitane (Satan en français) est un film mystique d’une durée de 59 mn réalisé en 1972 par Oumarou Ganda et produit par CABAS film, Niamey. Le film traite de thématiques socioculturelles dont entre autres : l’infidélité conjugale, les pratiques animistes, l’importance accordée à l’argent, pour ne citer que celles-là. Le réalisateur nigérien qui joue le rôle du Zima (féticheur) dans « Saitane » avait déjà évoqué des thématiques semblables à travers l’un de ses films, « Wazzou Polygame » (1970) où il s’appesantit sur le mariage forcé.  

Le réalisateur fait ressortir la tradition africaine à travers les pratiques animistes, cultes, comme l’offrande du lait dans une calebasse aux dieux du fleuve, la musique du « bori » que des gens dansent, mais aussi le sacrifice de la poule blanche, l’utilisation des cauris et quelques gris-gris par le zima etc….

Scène du film “Saitane”

Oumarou Ganda s’illustre entre autres dans la réalisation des films d’ordre socioculturel notamment, destinés au public nigérien, d’où l’utilisation de la langue nationale à savoir le « Songhay-Zarma » comme c’est le cas dans « Saitane »et aussi le Wazzou Polygame (1970).

Saitane présente une famille monogamique qui sera perturbée par Issoufou un jeune homme obsédé par Safi, une femme mariée. Il chercha le moyen de l’influencer par le biais de son amie Hamsa. La jeune femme accepta de commettre l’adultère, pour gagner de l’argent avec son amant. Cet acte d’infidélité conduit Safi va déstabiliser son foyer avec pour conséquence le divorce provoqué involontairement par son père après qu’il ait appris qu’elle a été battue par son mari. Le geste du père semble contraire aux normes de la tradition nigérienne.

Le réalisateur dénonce le mensonge du féticheur à travers le personnage du Zima qui se fait passer pour un savant, alors qu’il n’est qu’un charlatan qui ment et trompe la population qui croit en lui. Ce mensonge, le conduit à se suicider après avoir été « pris la main dans le sac » par un chasseur qui dévoila son secret de faux zima. Safi put ainsi rejoindre son mari Karim.

Un traveling montrant de la gaieté qui se dégage chez des enfants qui jouent dans le fleuve, annonce le générique de fin du film. Apparait le mot zarma « Abane »  qui signifie en français « c’est fini ».

Film enrichissant et instructif. On y voit qu’au-delà des religions, des mythes continuent d’exister et les gens y croient jusqu’à aujourd’hui.

Grande figure du cinéma nigérien, Oumarou Ganda a été reconnu à travers le monde entier grâce à l’originalité de ses films, les différents prix remportés. C’est le cas du film « Cabascabo » avec sa sélection lors de la semaine de la critique internationale au festival de Cannes, le prix grand jury festival de Moscou en 1969 ; le prix de la critique internationale de malaga (Espagne) et une mention spéciale aux JCC en (Tunis) en 1970 ; aussi le prix de la critique internationale au FIEF à Dinard en 1971 ; le 1er grand prix du festival panafricain de Ouagadougou en 1972 pour « Wazzou Polygame » ; le prix de la critique internationale au festival panafricain de Ouagadougou en 1973, le prix spécial du jury FIEF à Beyrouth en 1974 pour le film « Saitane » et le prix René DEBRIX pour l’ensemble de ses œuvres particulièrement pour « l’Exilé » en mars 1982.

Zeynabou ASSANE MOUMOUNI

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