
Le film Teza (2008) du réalisateur Ethiopien Haïlé Gerima est une fiction dramatique à l’allure d’un documentaire historique d’une durée de 140 minutes et qui traite de la mémoire et la quête d’identité à travers le personnage d’Anberber, le boiteux. Un peu déraciné de retour dans son pays natal après un long séjour en occident pour des études de médecine, il retrouve une Ethiopie métamorphosée où les effets et les séquelles de la guerre sont visibles à travers des images désolantes.
Le récit bien orchestré plonge le spectateur dans un sentiment de fortes émotions, un décor captivant et un jeu de rôle rythmique sur des images saisissantes de la période de la révolution militaire, le tout accompagné d’une technique cinématographique qui se partage entre images mentales, fixes et de variation de plans. Il fait face à l’histoire controversée de l’Éthiopie dans un pays en pleine mutation. Un témoignage qui souligne l’incompréhension, le doute, l’illusion, un peu d’espoir et qui oblige le personnage à redécouvrir son univers d’enfance où les traditions ancestrales participent à l’éducation et à la reconstruction de soi.
Un film dans lequel, la confrontation entre ses propres désirs, le patrimoine culturel préservé , les rituels et le modernisme à l’occidentale sont soulevés et traités dans un narratif original empreint de rage, tristesse et une réalisation bien conduite mêlant innocence et tragédie dans des mouvements doux et fluides de la caméra.
Malgré les scènes de peines des mères et des familles, le réalisateur a réussi à combiner des actions violentes de l’armée et des scènes comiques. C’est le cas de la scène de la course poursuite des enfants entre l’armée de la révolution et les enfants des villages. Ces derniers sont encouragés par les mères à courir plus vite pour qu’ils ne soient pas attrapés comme dans une compétition de course.
Le message marquant dans le film est la mise en exergue de la tolérance et le vivre ensemble même dans la diversité des opinions.
Le film a été primé du Grand Prix Étalon de Yennenga au FESPACO 2009.
Youssoufa HALIDOU HAROUNA


