“2G” est un documentaire long métrage réalisé par Karim Sayad et produit par Close Up Films, en collaboration avec la SRG SSR et la RTS Radio Télévision Suisse. Tourné dans la région d’Agadez, au Niger, le film suit le parcours de quatre anciens passeurs : Ibrahim, son fils Abdelsalam, Daouda et El Bak reconvertis en orpailleurs après l’interdiction du transport de migrants, activité qui leur procurait des revenus.
Dans un décor d’images de voitures parfois enlisées dans le sable, les anciens passeurs se confient au réalisateur. De l’extraction de l’or jusqu’à sa transformation et sa vente, Karim Sayad nous plonge dans un mode de vie singulier, rythmé par le va-et-vient entre les villes d’Agadez et Arlit. “L’or te change. Si on se rend en ville, les gens se moquent de nous, et nous, pareil quand ils viennent ici”, affirme un des orpailleurs.
Le réalisateur raconte cette histoire à travers une voix off, tout en exploitant différents types de plans cinématographiques : des plans larges et des séquences montrant les orpailleurs perdus dans l’immensité du désert, mais aussi des plans américains inspirés des westerns, reflétant une existence marquée par l’incertitude et la résilience.
À travers des plans rapprochés sur les mains poussiéreuses de ses personnages dont l’inquiétude se lit sur leurs visages, au moment où ils ajustent leurs turbans ou tentent de capter le réseau mobile disponible, le réalisateur capture une atmosphère où se mêlent rudesse et légèreté. L’humour omniprésent adoucit la dureté du quotidien, comme dans cette scène où l’un d’eux plaisante : “Le téléphone est à 0, il ne peut pas parler.”
“2G” aborde des thématiques comme la quête du gain dans un environnement hostile (“On peut passer quatre jours sans boire ni manger”), l’incertitude liée à l’économie clandestine et la peur constante des attaques (“Les bandits tchadiens, les Agazawa, nous dépouillent et nous tuent si nous résistons”). Le film propose ainsi une réflexion sur l’adaptation et la survie dans un monde en perpétuelle mutation.
Le titre “2G” donné au film fait référence à une pépite de deux grammes d’or, une quantité infime mais précieuse, dont la valeur doit suffire à rémunérer tous ceux impliqués dans son extraction.
Article écrit lors de l’atelier FACC, Fespaco 2025 par :
Zeynabou Assane Moumouni ANCCCC Niger